QUAND LES CHERCHEURS FONT ENTENDRE LEUR VOIX AUPRES DES DECIDEURS POLITIQUES POUR SAUVER LA PLANETE par Louis SAISI

QUAND LES CHERCHEURS FONT ENTENDRE LEUR VOIX AUPRÈS

DES DÉCIDEURS POLITIQUES… POUR SAUVER LA PLANETE

par Louis SAISI

 L’appel de 700 scientifiques français – lancé dans «Libération» (des 8 et 9 septembre 2018) – constitue une exhortation pressante adressée aux gouvernants français les invitant à passer de l’incantation aux actes pour prendre les mesures qui s’imposent contre le réchauffement climatique

Cette initiative intervient après la démission de Nicolas HULOT le 28 août dernier qui avait été elle-même suivie par la publication – le 30 août 2018 sur franceinfo par dix associations écologiques, à l’adresse du Président de la République – d’une invitation à changer de cap et à passer des paroles aux actes (voir sur ce site notre article du 31 août 2018 « L’analyse de 10 associations écologiques sur le départ de Nicolas HULOT du gouvernement : « l’écologie des mots » au lieu de celle des actes », http://www.ideesaisies.org/lanalyse-de-dix-…-par-louis-saisi/).

Le texte de ces scientifiques est publié au moment même où, à l’occasion d’une journée mondiale pour le climat, plusieurs milliers de personnes ont défilé, samedi dernier 8 septembre 2018, dans toute la France. Elles répondaient à un appel citoyen pour faire de l’enjeu climatique une priorité.

Ainsi, le même jour, des professeurs d’université et des chercheurs issus de nombreux laboratoires du CNRS, du MNHN, de l’INRA, de l’IFREMER, de l’IRD, du CEA, du CNRM, etc. ont joint leur voix à celle des associations écologiques cosignataires de l’appel du 30 août précité pour faire entendre leur SOS climatique en s’adressant aux décideurs publics. Pour eux aussi, les gouvernants doivent passer de l’incantatoire aux actes (cf. http://www.liberation.fr/planete/2018/09/07/rechauffement-climatique-nous-en-appelons-aux-decideurs-politiques_1677176).

UN CONSTAT SANS APPEL… LE « FUTUR CLIMATIQUE » EST DÉJÀ LÀ…

Les universitaires et chercheurs cosignataires de l’appel du 8 septembre 2018 estiment que « Nous sommes d’ores et déjà pleinement entrés dans le «futur climatique». Hausse des températures moyennes et récurrence des chaleurs extrêmes, y compris dans le nord de notre hémisphère tout cet été, fonte des glaciers et de la banquise, sécheresses, modification de l’aire de distribution de certains animaux et espèces végétales, destruction d’écosystèmes rares et précieux, hausse du niveau de la mer, désoxygénation et acidification des océans, etc. : les manifestations concrètes du changement climatique ne cessent de s’accumuler. Quant au futur, les projections d’impact sur les milieux, les espèces et les humains sont systématiquement revues à la hausse au fur et à mesure des nouvelles connaissances. »

LA LIMITATION EN DESSOUS DE 2°C DE LA HAUSSE DES TEMPÉRATURES D’ICI à 2100…

Il est, pour eux, devenu nécessaire, sur la base de l’accord de Paris de décembre 2015, de «  limiter la hausse des températures mondiales en dessous de 2°C d’ici à 2100 par rapport aux niveaux préindustriels. »

ENGAGER UNE « RÉVOLUTION DE NOS MODES DE DÉVELOPPEMENT »…

Il s’agit donc, estiment-ils, « d’engager une révolution de nos modes de développement, de notre rapport collectif à l’énergie et aux ressources naturelles, à la consommation, à la mobilité, au logement, aux loisirs, etc. »

SORTIR DU CHAMP DE L’INCANTATOIRE EN TRADUISANT CONCRÈTEMENT LES DISCOURS EN CHOIX POLITIQUES FORTS ET CLAIRS AU SERVICE D’UNE TRANSFORMATION SOCIÉTALE PROFONDE

Pour les chercheurs signataires de l’appel du 8 septembre 2018, une telle transformation est possible et ne relève pas de l’utopie car « elle repose pour beaucoup sur des solutions déjà disponibles : diminution de la consommation d’énergie, recours à des énergies décarbonées, meilleure isolation des bâtiments, mobilité repensée évitant les moteurs thermiques, ferroutage, agriculture écologique, production ­locale, verdissement des villes, économie collaborative et circulaire, révolution numérique, etc., autant de changements qui, s’ils sont bien conçus et combinés entre eux, nous aideraient à atteindre les objectifs climatiques tout en permettant de réduire notre empreinte sur la planète, notamment en diminuant la pollution et notre impact sur la biodiversité. »

UN APPEL AUX DÉCIDEURS POLITIQUES


 

Les nombreux signataires de cette alerte de salubrité publique – venus de tous les horizons de la recherche scientifique publique – en appellent aux « décideurs politiques » pour qu’ils mobilisent la totalité des compétences étatiques au service de la lutte contre le réchauffement climatique. Ils s’expriment en ces termes :

« Nous en appelons donc aux décideurs politiques. Nous sommes conscients du rôle qu’ont à jouer d’autres acteurs, notamment les entreprises et la société civile, mais il appartient aux gouvernements et aux Parlements de mettre en place les conditions -  législatives, réglementaires, institutionnelles, budgétaires et fiscales  - d’une transition vers une société sans carbone. Ils doivent rapidement et fortement réviser leur feuille de route climatique et la rendre à la fois plus transformationnelle et plus opérationnelle. Ils doivent accepter de prendre des mesures pour agir à long terme. »

 

LE LONG TERME DÉPEND DU COURT TERME…

 

Ces 700 chercheurs pressent le pouvoir politique d’agir sans plus atermoyer : « Seuls des changements immédiats et des engagements de court terme, dans le cadre d’objectifs clairs et ambitieux à horizon 2030, peuvent nous permettre de relever le défi climatique. Celui-ci nous enseigne que le long terme dépend de décisions de court terme, lesquelles permettront aux générations futures de ne pas devoir se résigner au pire. »

Que penser de cette alerte et de sa légitimité et que représentent ces 700 chercheurs au sein de la galaxie scientifique internationale ? Leur thèse et leurs craintes sont-elles partagées ? Quels sens et place leur donner ?

I/ Le réchauffement climatique, SON EXISTENCE  et ses causes : débat ou consensus ?

La question de l’existence même du réchauffement climatique fut parfois âprement débattue au sein de la communauté scientifique internationale : certains mettaient en avant l’existence d’une discorde entre scientifiques sur le sujet en invoquant les voix de chercheurs contestant le bien fondé d’une telle existence ; d’autres mettaient, au contraire, l’accent sur l’existence d’un consensus suffisamment large au sein de la communauté scientifique en faveur de sa reconnaissance…

Mais ce n’est pas tout, car l’existence du réchauffement climatique, une fois établie, ne présuppose pas forcément résolue la question de son imputabilité principale aux activités humaines. L’imputabilité du réchauffement climatique liée à l’intervention de l’Homme sur la planète est-elle l’objet d’un consensus ou au contraire est-elle toujours l’objet de débats au sein de la communauté scientifique internationale ?

Qu’en est-il aujourd’hui?

A/ La progression du « consensus » sur le dérèglement climatique et ses causes au sein de la communauté scientifique

S’agissant du rôle des chercheurs face au réchauffement climatique et à la dégradation de la biodiversité, leur inquiétude et leur cri d’alerte semblent tout à fait légitimes face au camp des « climatosceptiques ».

En effet, l’hypothèse d’une responsabilité humaine du réchauffement climatique a été formulée et présentée par le GIEC [1] dans ses rapports successifs : au départ hypothétique dans les rapports de 1990 et 1995, la responsabilité de l’homme fut ensuite de plus en plus affirmée dans les rapports de 2001 et surtout dans celui de 2007. Ces rapports ont été approuvés par les principales académies des sciences.

Il reste qu’avant les années 2000, des voix s’élevaient pour contester les conclusions, à leurs yeux « alarmistes », du rapport 1995 du GIEC. Plus de 31 000 personnes (mais dont seulement une trentaine avaient fait des études de climatologie à des degrés divers) signèrent l’Oregon petition  lancée en 1999 en réaction contre le protocole de KYOTO [2] (décembre 1997) visant à réduire les émissions des gaz à effet de serre. Elle tire son nom du fait qu’elle a été organisée par l’Oregon Institute of Science and Medicine (OISM) entre 1999 et 2001, et notamment par l’ancien président de l’académie américaine des sciences, Frederick SEITZ [3], qui en fut à l’origine. Ses signataires contestaient alors que « ces émissions puissent provoquer un réchauffement catastrophique de l’atmosphère terrestre ou une rupture brutale du climat » [4].

Comme nous l’avons déjà relevé, l’on a pu justement s’interroger sur la non-traçabilité des signataires. Les organisateurs du site précisent d’ailleurs eux-mêmes que seuls 9 000 ont un doctorat, et que seulement 30 d’entre eux travaillent, de près ou de loin, sur le climat…

Certes, les idées scientifiques peuvent, à un moment donné, ne pas être unanimement partagées par la communauté des chercheurs car les débats entre chercheurs qui confrontent les résultats de leurs recherches et leurs découvertes sont souvent très vifs et aujourd’hui ils sont souvent portés sur la place publique grâce à des revues scientifiques aussi prestigieuses que Science, Nature, The Lancet, etc.

Mais s’agissant plus précisément du cadre scientifique abritant l’Oregon Institute for Science and Medicine, il se résume à une ferme isolée près de Cave Junction, une petite ville discrète du comté de Josephine, dans l’OREGON, aux États-Unis, et dont la population comptait moins de 2000 habitants (1 883 habitants, au moins d’après le recensement de 2010).

Quant à l’« Institut » lui-même, il fut fondé par le chimiste Arthur ROBINSON, et compte moins d’une dizaine d’universitaires. Le Monde Magazine du 26 mars 2010 allait même jusqu’à préciser que deux d’entre eux étaient « morts et deux sont les enfants du susdit chimiste, qui vit là avec toute sa famille : pas d’étudiants dans cet institut, mais des fascicules pour survivre en cas de guerre nucléaire » [5]…

Aujourd’hui encore, face au courant scientifique dominant qui reconnaît l’existence du réchauffement climatique et met en cause la part incombant aux activités humaines dans ce réchauffement, certains chercheurs qualifiés de « climatosceptiques » contestent encore ce lien de cause à effet.

Ainsi Stéphane FOUCART, journaliste du Monde couvrant, pour ce journal, la rubrique des Sciences, relève qu’un article publié le 1er avril 2005 par les géologues Vincent COURTILLOT, Jean-Louis Le MOUËL et le mathématicien Vladimir KOSSOBOKOV dans la revue Earth and Planetary Science Letters (EPSL), « l’une des plus fameuses revues savantes en sciences de la Terre », remet en cause « le consensus sur le changement climatique récent et sa cause principale ».

Mais en 2009, une enquête publiée par Peter DORAN et Maggie ZIMMERMAN du Earth and Environmental Sciences Department de l’Université de l’Illinois à CHICAGO [6], et à laquelle ont participé pas moins de 3 146 scientifiques, permet d’admettre que « le débat sur l’authenticité du réchauffement global et sur le rôle joué par les activités humaines est largement inexistant parmi ceux qui comprennent les nuances et les bases scientifiques des processus climatiques à long terme ». Cette enquête conclut à l’existence d’un large consensus. Ainsi 90 % des scientifiques interrogés jugent que les températures mondiales ont « globalement augmenté » depuis le XIXe siècle, et 82 % sont en accord avec l’hypothèse d’une forte influence de l’activité humaine), avec cependant de larges différences selon le domaine d’expertise. Si le consensus monte à 97,4 % parmi les 79 spécialistes de climatologie interrogés, en revanche il n’est plus que de 47 % parmi les 103 géologues interrogés.

Un peu plus tard, en 2013, un consensus de 97 % est rapporté par John COOK et d’autres chercheurs [7] sur la base de l’analyse de 11 944 résumés de documents de recherche, dont 4014 ayant pris position sur la cause du réchauffement climatique récent. Un questionnaire adressé aux auteurs de 2412 articles scientifiques a également permis de confirmer ce consensus de 97 %.

Alors qu’au moins 80 académies nationales des sciences partagent ce consensus au vu des études disponibles, COOK et les auteurs de 6 études récentes et indépendantes constatent que ce consensus est partagé par 90 % à 100 % des scientifiques du climat. Ils concluent ensemble dans une étude intitulée « Consensus sur le consensus » qu’un consensus existe maintenant chez 90 à 100 % des climatologues et scientifiques de la recherche climatique (selon la question exacte, la date de l’étude et la méthodologie d’échantillonnage), que ce taux est solide, et qu’il est cohérent avec les résultats d’autres enquêtes sur les scientifiques du climat et avec des études évaluées par des pairs.

B/ Origine des travaux du GIEC et leur suite aujourd’hui

C’est le Protocole de KYOTO (décembre 1997) qui fut le véritable marqueur de la lutte contre le changement climatique avec la décision juridiquement contraignante de réduire, pour les États signataires du Protocole, leurs émissions de gaz carbonique.

Le Protocole de KYOTO s’inscrivait lui-même dans la suite des cycles décennaux des « Sommets de la Terre » institués par la Conférence des Nations-Unies sur l’Environnement humain (CNUEH) qui s’était tenue à STOCKHOLM en 1972.

Cette Conférence avait donné naissance au Programme des Nations-Unies pour l’Environnement (PNUE) qui est parfois considéré comme le premier sommet de la Terre puisque les chefs de gouvernement de la planète avaient pris l’engagement de se réunir ensuite tous les 10 ans pour décider des grandes orientations à mettre en place pour un nouveau modèle de développement.

Malheureusement, le Sommet de NAIROBI de 1982 qui suivit fut hypothéqué par la tension internationale de la période. C’est donc le Sommet de la Terre, à RIO, en 1992, qui devait marquer la prise de conscience internationale du risque de changement climatique. Il devait se révéler très fécond. En effet, ce « Sommet » adopta un programme d’actions pour le XXIe siècle (Agenda 21), institua une conférence-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, créa une convention sur la diversité biologique et une convention sur la lutte contre la désertification.

Dix ans plus tard, le Sommet de Johannesburg de 2002 fut l’occasion de faire le point sur les programmes lancés à RIO DE JANEIRO afin d’adopter un plan d’action sur des domaines très variés du développement durable (eau, énergie, santé, biodiversité…).

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a été créé en 1988, à la suite d’une initiative politique internationale résultant à la fois de l’organisation météorologique mondiale (OMM) et du programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).

Il « a pour mission d’évaluer, sans parti pris et de façon méthodique, claire et objective, les informations d’ordre scientifique, technique et socio-économique qui nous sont nécessaires pour mieux comprendre les risques liés au réchauffement climatique d’origine humaine, cerner plus précisément les conséquences possibles de ce changement et envisager d’éventuelles stratégies d’adaptation et d’atténuation. Il n’a pas pour mandat d’entreprendre des travaux de recherche ni de suivre l’évolution des variables climatologiques ou d’autres paramètres pertinents. ».

En trente ans, de 1988 à 2018, le GIEC a émis plusieurs rapports d’évaluation, dont le deuxième rapport d’évaluation, publié en 1995 devait contribuer à l’adoption du protocole de Kyoto en 1997. Le troisième rapport d’évaluation fut publié en 2001 et le quatrième en 2007.

Il prépare actuellement, pour 2018, son sixième rapport d’évaluation décidé lors de son Assemblée plénière – réunie à NAIROBI (Kenya), du 11 au 13 avril 2016 – qui effectua les choix des thèmes des rapports spéciaux de son 6e cycle d’évaluation.

Cette 43e réunion de l’Assemblée plénière du GIEC marqua le commencement effectif du cycle de réalisation du 6e Rapport d’évaluation du GIEC (AR6).

C’est ainsi qu’au cours de ce 6e cycle,  l’Assemblée plénière du GIEC a décidé de produire les trois rapports spéciaux suivants :

  • en octobre 2018, le GIEC, à la demande de la COP21, doit établir un Rapport Spécial sur l’impact d’un réchauffement global de 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels et sur les trajectoires d’émission de gaz à effet de serre correspondantes ;
  • un Rapport Spécial sur les liens entre le changement climatique, les océans et la cryosphère (parution prévue septembre 2019) ;
  • suite à la proposition de l’ALGÉRIE et d’autres États, un troisième Rapport Spécial traitera des liens entre le changement climatique, la désertification, la dégradation des terres, la gestion durable des terres, la sécurité alimentaire, et les flux de gaz à effet de serre dans les écosystèmes terrestres (parution en septembre 2019).

Enfin, l’Assemblée plénière du GIEC s’est également engagée à traiter en profondeur la question des villes dans le 6e Rapport d’évaluation et à produire un Rapport Spécial sur les villes au cours du prochain cycle. Devrait y être abordée la notion de «  transition juste ». En effet, lors de la COP24, le « plan d’action de Katowice pour la transition juste » devra être adopté autour des quatre lignes de force suivantes :

  • Récolter des informations concernant le soutien aux travailleurs et communautés en transition ;
  • Créer des lignes directrices pour les politiques climatiques des différents pays ;
  • Y intégrer la référence de transition juste, travail décent, création et maintien d’emplois de qualité, à leurs politiques climatiques ;
  • Encourager les entités en charge de la finance climatique avec un mandat pour qu’ils participent à des projets porteurs d’emplois dans les pays en transition vers une économie bas carbone.

Le réveil des peuples pour exiger une lutte plus affirmée de leurs gouvernants contre le dérèglement climatique ne peut que contribuer à une mise en place de mesures plus efficientes.

Néanmoins le prochain sommet climat (COP 24) – qui doit se dérouler, comme il a été dit,  à KATOWICE début décembre (normalement du 3 au 14 décembre 2018) – ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices pour les ONG. En effet, une loi promulguée fin janvier 2018 par le président polonais Andrzej DUDA interdit tout rassemblement spontané dans la cité minière entre le 26 novembre et le 16 décembre.

Ainsi donc, au regard de la communauté scientifique internationale et des travaux du GIEC, l’alerte du collectif de ces quelque 700 chercheurs et universitaires français s’appuient sur des données solides quant à l’état du savoir scientifique actuel sur la question climatique.

Certes, ils sont sortis du cadre habituel de leurs sérieux et austères travaux de recherche pour s’adresser aux gouvernants de leur pays et en même temps à leurs concitoyens et ont osé s’immiscer dans le « Politique », ce qui n’est pas banal.

Sans doute parce qu’une idée scientifique met parfois trop de temps avant de s’imposer quand elle heurte de plein fouet soit le consensus politique, soit les idées dominantes du moment, soit les habitudes acquises quant au mode de développement consumériste, idées qui peuvent être adoptées et pratiquées par les politiques ou, dans les systèmes politiques non laïcs, par les autorités religieuses.

L’on se souvient en 1632/1633 de « l’affaire Galilée ». Le savant astronome fut condamné en 1633 par le tribunal de la Sainte Inquisition pour avoir rejeté le géocentrisme et soutenu l’héliocentrisme.

Les esprits religieux de son temps n’étaient pas prêts à assumer la mutation de leur pensée que GALILÉE, dans son livre Dialogue sur les deux grands systèmes du monde [8], dérangeait en leur proposant une autre vision du monde dans laquelle la Terre n’était plus le centre.

Dans le monde moderne, et depuis le début du 20ème siècle, la pensée concernant les rôles respectifs du Savant et du Politique fait souvent l’objet de l’application du paradigme élaboré par Max WEBER en 1919 autour de la séparation de leurs fonctions respectives et du cantonnement respectif des deux types d’acteurs à l’intérieur de chacune des deux missions distinguées par le sociologue et qui, chacune, est exclusivement assignée à chacun de ceux-ci.

II/ Le Savant et le Politique

C’est ainsi que dans Le Savant et le Politique – recueil de deux conférences prononcées par Max WEBER en 1919 à l’Université de Munich portant sur le métier et la vocation respectifs du savant et de l’homme politique –, le sociologue allemand mit à jour cette distinction professionnelle entre ces deux types d’activités étanches. Cette distinction rigoureuse devait même être prolongée, selon WEBER, par une éthique propre à chacune des deux activités distinguées.

A/ L’éthique du Savant chez Max WEBER

Quant à l’éthique du Savant, WEBER développa le concept fondamental de « neutralité axiologique » du chercheur nécessaire pour une maîtrise intégrale des faits et aussi leur compréhension.

Pour WEBER (photo ci-contre), la recherche du savant exige une spécialisation – que l’on pourrait aujourd’hui qualifier de « taylorienne » – rigoureuse et nécessaire, selon lui, pour atteindre son but : celui de démontrer une « vérité » à partir de faits et d’arguments reconnus comme scientifiquement valables. Il lui faut une grande rigueur méthodologique car la science est une véritable passion qui «  requiert de la modestie et de la disponibilité d’esprit. »

Les hypothèses du savant sont guidées par une « idée » qui ne lui vient qu’au prix d’un travail acharné, loin des idées politiques.

Pour WEBER, l’acteur politique est un homme d’action qui agit : il prend position en fonction de ses valeurs tandis que le scientifique analyse les structures politiques : « prendre une position politique pratique est une chose, analyser scientifiquement des structures politiques et des doctrines de partis en est une autre. ».

Le contexte historique dans lequel furent prononcées ces conférences est celui s’étendant de la fin du XIXe au début du XXe siècle. Cette période  constitue un moment  très fort de changements structurels et politiques majeurs en Allemagne, voire même dans l’Europe toute entière. Max WEBER s’inspira de la « querelle des méthodes » en tentant, par le biais de sa réflexion, de proposer une tentative de dépassement de cette opposition entre positivisme et subjectivisme.

S’il est impératif que la science soit totalement détachée de toutes influences spirituelles, religieuses ou idéologiques ambiantes dans son propre travail d’élaboration des savoirs et des concepts, cela n’interdit pas aux universitaires et chercheurs d’exprimer des positions citoyennes dans le débat politique et les choix de société de leur temps.

WEBER invite seulement le sociologue à ne pas confondre les rôles de savant et d’acteur politique. Le sociologue – comme tout autre savant – peut participer aux débats sociaux de son époque et à la réflexion politique. Ainsi WEBER fit lui-même l’expérience de l’engagement politique en adhérant au parti social-démocrate en 1918 et en publiant des articles dans la presse.

Pour autant, selon lui, il s’agit de ne pas jouer les deux rôles en même temps, de ne pas chercher à imposer ses convictions en s’appuyant sur des faits scientifiques, car le risque serait grand alors, pour le chercheur, d’y perdre sa crédibilité scientifique.

B/ L’engagement du chercheur dans la cité

Les exemples d’engagement civique et parfois politique de certains savants et chercheurs dans les débats de société de leur temps ne manquent pas…

Ainsi le savant Louis PASTEUR (1822-1895), pionnier de la microbiologie, fut lui-même au cœur des recompositions industrielles et technologiques favorisées par le pouvoir politique au cours des années 1850-1890 (photo ci-contre). Alors que la postérité n’a retenu de lui, le plus souvent, que le « scientifique pur », il a néanmoins travaillé, sa vie entière, pour le bénéfice de l’industrie nationale et, jusqu’à sa chute, en 1870, sous la tutelle du gouvernement impérial de Napoléon III dont il était un ardent partisan [9]. Il fut par ailleurs candidat malheureux aux élections sénatoriales de 1876. C’est dire que l’identité du scientifique émerge en corrélation étroite avec le contexte politique de son temps et son apport à l’industrie naissante (divers travaux sur la bière, le vin, etc. commandés par les industriels concernés), et que son statut social rehaussé provient précisément de cette étroite connivence qu’il a volontairement entretenue et développée avec le pouvoir politique. Vers la fin de sa vie, Il reçut d’ailleurs la consécration de la patrie reconnaissante pour ses divers travaux car, en 1892, la Troisième République lui organisa un jubilé triomphal pour son 70e anniversaire. À cette occasion, une médaille gravée par Oscar ROTY lui fut offerte par souscription nationale.

Un peu plus proche de nous, Albert EINSTEIN (1879-1955) – savant génial et personnalité scientifique hors du commun – qui fut successivement allemand, apatride (1896), suisse (1901) et acquit la double nationalité helvético-américaine (1940), s’engagea en faveur des droits de l’homme et du pacifisme. Il fut ainsi, pour le monde entier, une référence morale emblématique même si son comportement ne lui valut pas que des amis dans le monde, mais aussi de nombreux ennemis, et surtout une surveillance rapprochée des services secrets, tant allemands qu’américains (photo ci-dessus).

 

Encore plus proche de nous, le trop méconnu Paul RIVET (1876-1958) [10], pourtant savant fondateur, en 1937, du Musée de l’Homme, peut être cité. Comme le rappelle justement dans sa thèse Christine LAURIERE, on lui doit la reconnaissance définitive de l’ethnologie comme discipline à part entière. Mais, surtout, Il constitua, selon elle, « la figure exemplaire de l’intellectuel engagé » qui lutta contre les menaces fascistes et racistes dans les années 1930, à l’opposé de ses convictions humanistes. Pour lui, en effet, c’est le rôle du scientifique d’alerter des dangers qui menacent la société et d’éveiller les consciences. En 1933, RIVET se rendit à Berlin et découvrit la montée du nazisme et de l’antisémitisme. Dès lors, il accueillit au Musée d’Ethnographie du Trocadéro de nombreux juifs allemands exilés et des russes émigrés, dont certains deviendront membres de l’équipe de recherche du Musée. Menacé pour son opposition courageuse au régime de Vichy [11], il devra s’exiler en trouvant refuge en Colombie à partir de février 1941, où il y continua à développer son activité d’ethnologue en contribuant, par ses études et recherches, à la revalorisation de la place de l’Indien dans la nation (photo ci-contre).

 

Quant à Bertrand Arthur William RUSSELL (1872-1970), il fut à la fois un éminent mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, mais aussi un homme politique et moraliste britannique (photo ci-contre).

Mathématicien, ses travaux scientifiques portèrent sur la logique comme fondement des mathématiques qu’il aborda dans son ouvrage Principia Mathematica, 3 volumes qui furent publiés entre 1910-1913, et coécrits avec son éminent confrère Alfred North WHITEHEAD (1861-1947), logicien, mathématicien et philosophe comme lui.

Mais il fut surtout considéré comme l’un des plus importants philosophes du XXe siècle et connu pour son activité militante pour la justice et la paix dans le monde.

Ardent partisan d’une philosophie scientifique, il proposa d’appliquer l’analyse logique aux problèmes traditionnels, tels que l’analyse de l’esprit, de la matière (problème corps-esprit), de la connaissance, ou encore de l’existence du monde extérieur. Il fut ainsi considéré comme le père de la philosophie analytique.

Il lutta toute sa vie contre la guerre et les injustices et défendit des idées proches du socialisme de tendance libertaire. Il milita également contre toutes les formes de religion, considérant qu’elles sont des systèmes de cruauté inspirés par la peur et l’ignorance. Il considérait aussi qu’elles avaient toujours été, au fil des siècles, l’ennemie de la science.

Pendant les années 1950, RUSSELL s’opposa aux armes nucléaires en signant en 1955, avec Albert EINSTEIN, un manifeste, connu comme le MANIFESTE RUSSELL-EINSTEIN. Cela lui valut d’être emprisonné en 1961.

Il reçut le prix Nobel de littérature en 1950 pour l’ensemble de son œuvre car celle-ci comprend également des romans et des nouvelles. Son œuvre fut surtout distinguée pour l’engagement humaniste de son auteur et sa qualité d’authentique libre penseur.

Enfin, il devint membre du Parlement britannique.

En France, il est surtout connu pour avoir coorganisé, avec Jean-Paul SARTRE, le fameux tribunal SARTRE-RUSSELL contre les crimes commis par les américains pendant la guerre du VIÊT NAM. Ce tribunal fut aussi appelé Tribunal de Stockholm où il avait son siège. Fondé en novembre 1966, à la suite de la publication du livre de Russell, War Crimes in Vietnam (Crimes de guerre au Viêt Nam), il s’agissait  d’un organisme privé composé d’intellectuels qui avait vocation à être surtout un « tribunal d’opinion » créé par ses auteurs précités pour dénoncer la politique des États-Unis dans la guerre du Viêt Nam.

L’on peut aussi citer Jean Frédéric JOLIOT, dit Frédéric JOLIOT-CURIE (1900 – 1958), éminent physicien et chimiste français qui obtint, en 1935, avec son épouse IRÈNE (Joliot-Curie), le prix Nobel de chimie. Il enseigna au Collège de France, fut directeur de l’Institut du radium, et membre de l’Académie des sciences. Il joua également un rôle majeur comme Haut-Commissaire dans les débuts de l’exploitation de l’énergie atomique en France après la Seconde Guerre mondiale (photo ci-contre).

Son engagement politique au sein du Parti Communiste Français, à partir de 1942, le conduisit en 1956 jusqu’au sein du Comité central du Parti.

Président du Conseil mondial de la paix, de 1949 à 1958, il lança, dans ce cadre, en 1950, le fameux appel de Stockholm visant l’interdiction de la bombe atomique.

La même année, il fut aussitôt relevé de ses fonctions de haut-commissaire du CEA. Mais cela ne l’empêcha pas peu de temps après, en 1955, de faire partie des signataires du manifeste Russell-Einstein (cf. supra).

De 1946 à 1955, il assuma également la présidence de l’Union rationaliste, et de 1946 à 1956, celle de la Fédération mondiale des travailleurs scientifiques.

Ainsi donc, quels que soient les pays (Allemagne, Angleterre, États-Unis, France et pour nous en tenir à ceux-là), nombreux furent les chercheurs qui ne furent pas insensibles aux problèmes politiques majeurs de leur temps et s’engagèrent, à des titres divers pour apporter leur contribution à leur résolution.

C’est dire que nos 700 chercheurs ayant cosigné l’Appel du 8 septembre 2018 sur les risques du dérèglement climatique du fait des activités humaines et préconisant une véritable « révolution de nos modes de production » se rattachent à ce courant scientifique de la fin du 19ème siècle et surtout du 20ème siècle – parfois saint-simonien, le plus souvent humaniste et généreux – qui dépasse les frontières.

CONCLUSIONS

UNE PREMIÈRE : DES CHERCHEURS REMETTANT EN CAUSE NOTRE MODE DE DÉVELOPPEMENT…

Il est heureux qu’en France l’alerte lancée par les milieux scientifiques ait sinon provoqué au moins rencontré la prise de conscience de nos concitoyens et aussi leur mobilisation sur l’enjeu climatique, ce qui est trop rare pour ne pas être souligné.

Leur appel, comme on l’a vu, ne situe pas l’écologie comme une dimension secondaire, accessoire et surajoutée du « Politique », mais il met franchement en cause notre « mode de développement » en préconisant une « révolution » pratique et concrète de « notre rapport collectif à l’énergie et aux ressources naturelles, à la consommation, à la mobilité, au logement, aux loisirs ».

Une telle « révolution » de notre « mode de développement » ne peut être qu’au service de l’intérêt général – aujourd’hui oublié – et en effet tournée vers la prise en charge des besoins réels des hommes et non vers des productions marchandes résultant des seules décisions des intérêts économiques et financiers particuliers – maîtrisant les instruments de crédit et les officines publicitaires à leur service – dans une fuite en avant consumériste d’objets réputés incontournables présentés comme devant nécessairement constituer notre consommation courante quotidienne.

EN FRANCE UNE MOBILISATION SANS PRÉCÉDENT CONTRE LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE…

La démission emblématique de Nicolas HULOT a sûrement favorisé la prise de conscience des citoyens français sur l’enjeu écologique et notamment le dérèglement climatique et la menace sur la biodiversité. Elle a aussi probablement joué le rôle de catalyseur des énergies et des mécontentements, et les mobilisations citoyennes du 8 septembre 2018, notamment dans les grandes métropoles régionales, ont été réelles et significatives. Au total, selon les médias unanimes, une centaine de manifestations se sont déroulées dans l’Hexagone.

À PARIS, selon les organisateurs, plus de 50 000 personnes s’étaient rassemblés devant l’Hôtel de ville pour défiler jusqu’à la place de la République. Dans les autres villes, la mobilisation a également été forte. Ainsi 10 000 personnes environ ont défilé à LYON et entre 8 000 à 12 000 personnes se sont rassemblées à TOULOUSE selon les organisateurs. À LILLE, les manifestants étaient 4 600, selon les organisateurs. À MARSEILLE, environ 2 500 personnes, selon les organisateurs, ont défilé samedi matin. À RENNES, la manifestation a réuni entre 3.000 et 5.000 personnes selon les organisateurs et la police.

UNE PRISE DE CONSCIENCE INTERNATIONALE ISOLANT UN PEU PLUS LE GOUVERNEMENT AMÉRICAIN ACTUEL…

Mais la journée du 8 septembre 2018 n’a pas été purement hexagonale. En effet, dans tous les pays du monde, de PARIS à MANILLE, comme si elles voulaient mettre en pratique le vœu exprimé dans l’appel du 30 août 2018, en France, des 10 organisations écologiques, des marches citoyennes ont été organisées le samedi 8 septembre 2018 dans une centaine d’autres pays (que la France) pour alerter les gouvernements de la planète sur le dérèglement climatique.

Cette journée d’action devrait se prolonger aux États-Unis avec la grande manifestation prévue à SAN-FRANCISCO. C’est dans cette ville que devrait se tenir, à partir du 12 septembre 2018, le Sommet mondial des villes et entreprises pour le climat, organisé par Jerry BROWN, le gouverneur démocrate de CALIFORNIE, en réponse à la politique antiécologique du Président TRUMP. Après la décision de Donald TRUMP de se retirer de l’Accord de Paris (COP21), annoncée le 1er juin 2017, une coalition d’États, de villes et d’entreprises – représentant plus de la moitié de l’économie américaine – milite pour tenir les objectifs fixés sous le mandat de Barack OBAMA, à savoir la réduction des émissions américaines de CO2 de 26 à 28 % en 2025 par rapport à 2005.

UNE RAISON D’ESPÉRER…

L’appropriation citoyenne par les peuples de la planète des sujets sensibles et vitaux – que sont le réchauffement climatique, avec la disparition de nombreux territoires de vie, la menace que fait peser sur la biodiversité la raréfaction des flores et des faunes menacées d’extinction, et la nécessité de maîtriser notre mode de développement au service de l’intérêt général – est en marche.

À nos politiques de le comprendre et d’agir vite devant la montée inexorable d’une conscience citoyenne vigilante et exigeante!

Louis SAISI

Paris, le 11 septembre 2018

 I/ SIGLES UTILISÉS :

CEA = Commissariat à l’Énergie Atomique ;

CNRM = Centre National de recherches météorologiques ;

CNRS = Centre National de la Recherche Scientifique ;

GIEC = Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat ;

IFREMER = Institut de recherche pour l’exploitation de la mer ;

INRA = Institut national de la recherche agronomique ;

IRD = Institut de recherche pour le développement ;

MNHN = Muséum national d’Histoire naturelle.

II/ NOTES

[1] GIEC = Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Il a été créé en 1988, sous l’égide des Nations Unies, en vue de produire des évaluations détaillées de l’état des connaissances scientifiques, techniques et socio-économiques sur les changements climatiques, leurs causes, leurs répercussions potentielles et les stratégies de parade. Depuis lors, le GIEC a établi cinq rapports d’évaluation et entamé son sixième cycle d’évaluation en 2016 à NAIROBI (cf. infra. I, B). Le GIEC et l’ex-Vice-Président des États-Unis d’Amérique, AL GORE, ont reçu le Prix Nobel de la paix en 2007 pour leurs contributions dans le domaine des changements climatiques.

[2] Le Protocole de KYOTO, au Japon, fut signé le 11 décembre 1997, lors de la 3e Conférence des parties à la convention (COP3). Il est entré en vigueur le 16 février 2005, le jour où au moins 55 Parties à la Convention, représentant en 1990 « un total d’au moins 55 % des émissions de CO2 de ce groupe, avaient déposé leurs instruments de ratification, d’acceptation, d’approbation ou d’accession ». « Au 14 janvier 2009, 184 États avaient déposé leurs instruments de ratification, d’accession, d’approbation ou d’acceptation ». Ce protocole visait à réduire, entre 2008 et 2012, d’au moins 5 % par rapport au niveau de 1990, les émissions de six gaz à effet de serre : dioxyde de carbone, méthane, protoxyde d’azote et trois substituts des chlorofluorocarbones.

[3] Selon Le Monde du 26 mars 2010 (cf. infra note 5), Frederick SEITZ s’était déjà tristement signalé, en 1978, pour avoir mis sa notoriété au service des industriels du tabac pour en nier sa nocivité. Il devait avouer avoir touché 900 000 dollars pour la défense de la cause de cette activité professionnelle.

[4] L‘Oregon Petition affirmait de manière péremptoire : « Il n’existe aucune preuve scientifique convaincante indiquant que les émissions de dioxyde de carbone, de méthane ou d’autres gaz à effet de serre causent ou causeront, dans un avenir prévisible, un réchauffement catastrophique de l’atmosphère de la Terre et une rupture de son climat. En outre, des preuves scientifiques substantielles montrent que l’augmentation de la concentration en dioxyde de carbone atmosphérique entraine de nombreux effets positifs sur l’environnement de la faune et de la flore de la Terre. »

[5] « Ce que cache la pétition de l’Oregon », « Un texte anti-protocole de Kyoto dont la genèse rend sceptique ». LE MONDE MAGAZINE du 26.03.2010 Par Laurent CARPENTIER (Le Monde.fr, M Planète) (cf.https://www.lemonde.fr/planete/article/2010/03/26/ce-que-cache-la-petition-de-l-oregon_1324990_3244.html)

[6] Peter T. DORAN and Maggie KENDALL ZIMMERMAN, « Examining the Scientific Consensus on Climate Change » [archive], Université de l’Illinois à Chicago, 2009 (consulté le 21 décembre 2009).

[7] John COOK, Dana NUCCITELLI, Sarah A GREEN, Mark RICHARDSON, Bärbel WINKLER, Rob PAINTING, Robert WAY, Peter JACOBS & Andrew SKUCE (2013) Quantifying the consensus on anthropogenic global warming in the scientific literature | publié le 15 mai 2013 | IOP Publishing Ltd Environmental Research Letters | Volume 8, Number 2 Environ. Res. Lett. | Licence ouverte CC-BY-SA 3.0

[8] Dialogue sur les deux grands systèmes du monde est un ouvrage commandé à Galilée par le Pape Urbain VIII vers 1624 et publié en 1632. Il est rédigé comme un dialogue entre trois personnes : la première favorable au système héliocentrique de COPERNIC, la deuxième au système géocentrique de PTOLEMEE, et la troisième sans opinion préalable sur la question. Galilée laisse clairement entendre sa préférence pour les thèses héliocentriques, alors interdites par l’Église catholique romaine. La thèse « hérétique » soutenue par GALILEE fut condamnée par l’Église car elle contrevenait aux interdictions des écrits favorables à l’héliocentrisme, déjà formulées dès 1616.

[9] Selon l’ouvrage de Patrice DEBRÉ (Louis Pasteur, 1994, Ed. Flammarion, pp 149-155), en 1867, à propos d’un débat au Sénat, quatre-vingts élèves de l’École envoyèrent une « adresse » à l’écrivain SAINTE-BEUVE pour le soutenir dans son combat en faveur de la liberté de la librairie. Deux d’entre eux ayant, contrairement au règlement de l’école, fait publier cette « adresse » dans la presse, PASTEUR, avec l’accord du ministre de l’Instruction publique, Victor DURUY, prit des mesures disciplinaires contre lesquelles des élèves manifestèrent en bloc. L’opposition politique et la presse libérale attaquèrent PASTEUR et DURUY au point que DURUY dût revenir sur les mesures contre les étudiants, tandis que la démission de PASTEUR comme administrateur de l’École normale supérieure fut acceptée. En contrepartie, PASTEUR reçut cependant une chaire en Sorbonne et on créa même, à l’École normale, un laboratoire de chimie physiologique dont la direction lui fut confiée.

[10] Christine LAURIÈRE : Paul RIVET (1876-1958), le savant et le politique, Thèse soutenue à l’EHESS, Paris, le 7 décembre 2006.

[11] Le matin du 14 juin 1940, avant même que le Maréchal Pétain ne prononce son discours défaitiste prônant l’armistice et la reddition à l’ennemi, RIVET ouvrit les portes du Musée de l’Homme pour y placarder une traduction française du poème « Si…Tu seras un homme, mon fils » de Rudyard KIPLING. Cet admirable poème de l’écrivain britannique appelle à garder la tête haute et à se battre dans l’adversité. Le message qu’il retint de ce poème est que même à terre et vaincu par un sort contraire et néfaste, l’homme doit se redresser pour redevenir maître de sa vie. Un peu plus tard, lors du jour mémorable du 14 juillet 1940, RIVET adressa au Maréchal PÉTAIN une lettre ouverte dans laquelle il critiqua le régime de Vichy en ces termes : « Monsieur le Maréchal, le pays n’est pas avec vous, la France n’est plus avec vous ». Le 19 novembre suivant, il fut relevé de ses fonctions par le ministre de l’Instruction publique, Georges RIPERT. Les menaces d’une arrestation ciblée d’opposants au régime le contraignirent, quelques mois plus tard, à l’exil. Dans son exil, il resta en contact avec la France libre et incarna la résistance intellectuelle au nazisme.

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