Les migrants Lettre 97 aux cercles de silence Décembre 2024 par Michel GIRARD, Co-fondateur du Cercle de silence de Versailles

Les « cercles de silence » nous proposent un autre regard sur les migrants

Ecoutons-les !

L’on sait déjà qu’avec Bruno RETAILLEAU au Ministère de l’Intérieur, de surcroît cloné par son double Gérald DARMANIN, au Ministère de la Justice, et François BAYROU pour incarner la « nouvelle » équipe gouvernementale – en vérité peu différente de la précédente quant aux convictions très « droitières » des hommes et femmes qui la composent et dans un bégaiement inoxydable et assumé quant aux objectifs poursuivis, et notamment ceux avoués quant à la nouvelle politique migratoire – le regard porté sur les migrants est toujours empreint de suspicion sinon de franche hostilité, comme le montre hélas cette police des frontières vite devenue, depuis deux décennies, une véritable chasse ouverte sur les mers et les frontières qui perdure lamentablement [1].

Pourtant, un autre regard, plus humaniste, généreux et fraternel, est possible et doit même impérativement constituer une autre alternative.

Contrairement aux affirmations de nos responsables politiques, un autre discours est audible. Et c’est dans cette optique, plus conforme à la tradition d’accueil et de main tendue de la France vers l’étranger, « cet autre » – qui n’est que le miroir de nous-mêmes – qu’avec son aimable autorisation, nous publions ci-dessous la « Lettre 97 aux cercles de silence de Décembre 2024 » signée par Michel GIRARD.

Michel GIRARD, 82 ans, est l’un des trois fondateurs du Cercle de silence versaillais. Ce membre de l’Ordre des Franciscains séculiers s’est lancé, au printemps 2008, dans la création de ce centre avec une amie protestante et un membre du Réseau éducation sans frontières (RESF). Il rejoint ainsi un type d’action original déjà développé à l’époque à Toulouse par des Franciscains.

En effet, le mouvement des « cercles de silence » a été lancé en 2007 pour « protester contre l’enfermement systématique des sans-papiers dans les centres de rétention administrative en France ».

Il a été initié par les frères franciscains de Toulouse en 2007, à l’initiative de l’un des leurs, Alain RICHARD,  pour s’étendre ensuite  à plusieurs villes (aujourd’hui 70).

Il a vite été conforté par de multiples associations humanitaires (une centaine) dont celles bien connues de la Cimade ou du Réseau éducation sans frontières.

Alain RICHARD, l’initiateur des cercles du silence, inscrit son initiative dans le cadre du mouvement de la non-violence dans lequel il s’est lui-même impliqué depuis de nombreuses années.

Formé auprès de Giuseppe LANZA DEL VASTO [2] (1901-1981), il revendique comme sources d’inspiration de son action l’Évangile, Saint François d’Assise (1182-1226) et GANDHI (1869-1948).

En 2010, Alain RICHARD a présenté sa démarche et son engagement d’une vie de combat contre la violence dans un livre d’entretien avec le journaliste Christophe HENNING [3].

Les cercles de silence se présentent comme regroupant « tous les courants de pensée et ouverts à tous ».

Leurs participants se retrouvent (en général un soir par mois) pour observer une heure de protestation silencieuse, en restant debout en cercle sur une place publique, avec, au centre, une lanterne. Le mouvement revendique aujourd’hui 70 cercles totalisant autour de 1000 participants.

La démarche vise simultanément à protester contre « l’enfermement de personnes pour le seul fait d’être entrées en France pour vivre mieux ou pour sauver leur vie » et également à dénoncer les conditions de détention elles-mêmes.

Louis SAISI

Paris, le 31 décembre 2024

 

Les migrants Lettre 97 aux cercles de silence Décembre 2024

par Michel GIRARD,
Co-fondateur du Cercle de silence de Versailles

NB : Nous reproduisons ci-dessous seulement la 1ère page de « Les migrants Lettre 97 aux cercles de silence Décembre 2024 » de Michel GIRARD qui est une « Lettre » bimensuelle comptant une cinquantaine de pages.

 

       Michel GIRARD (ci-dessus) est l’un des co-fondateurs du Cercle de silence de Versailles

Cette lettre arrive avec la célébration des fêtes de Noël. Qui ne sont pas forcément des jours de joie pour tous : ceux qui ne sont pas accueillis, voire abandonnés, malades, en danger. Ils ne seront peut-être pas dans la hotte des médias ce jour-là ! Au contraire le nouveau gouvernement est composé d’un garde des sceaux et d’un ministre de la justice (ancien ministre de l’intérieur) qui ne s’embarrassent pas des migrants demandant l’asile.

Afin d’agir pour la Paix, mais dans la paix ce qui nécessite de prendre du recul et de réagir à froid, on peut prendre pour soi les paroles proposées par le Pape aux membres de l’ONG « ResQ People Saving People ». Cette ONG italienne qui se consacre au sauvetage et à l’assistance des migrants qui traversent la mer Méditerranée, et de ceux qui empruntent la route des Balkans.

« Le migrant doit être accueilli, accompagné, promu et intégré ». Il s’agit d’un travail « en harmonie avec l’Évangile », qui « nous invite à faire du bien à tous et de manière particulière aux derniers, aux plus pauvres, aux plus abandonnés, aux malades, aux personnes en danger».

« Des vies de personnes fuyant des lieux où sévissent de graves conflits, qui provoquent souvent des crises humanitaires et impliquent également la violation des droits humains fondamentaux ». « Le sauvetage de ceux qui risquent de sombrer dans des embarcations de fortune, tout comme le premier accueil de ceux qui arrivent en Europe au terme d’un long voyage semé d’embûches de toutes sortes, est un travail tout à fait nécessaire ».

Face à l’immensité et à la complexité du phénomène migratoire, les autorités civiles ne parviennent pas toujours à assumer pleinement leurs responsabilités.

« De nombreuses vies sont exploitées, rejetées, maltraitées, réduites en esclavage ».

 Quant à ceux qui ont «la conviction que chaque être humain est unique et que sa dignité est inviolable, quelle que soit sa nationalité, la couleur de sa peau, son opinion politique ou sa religion», il faut soutenir leur action, eux « qui ne se contentent pas d’observer, de critiquer de loin, mais qui s’impliquent, en offrant un peu de leur temps, de leur ingéniosité et de leurs ressources pour soulager la souffrance des migrants, pour les sauver, les accueillir et les intégrer».

Pourquoi rester indifférent ? Qu’est-ce que l’indifférence ? C’est ce qui ensanglante la Méditerranée, mais aussi l’océan atlantique et la Manche.

Michel GIRARD

Co-fondateur du Cercle de silence de Versailles

NOTES

[1] La dernière loi sur l’immigration – dite loi DARMANIN – a été promulguée le 26 janvier 2024. Elle a durci le contexte législatif antérieur dans les domaines suivants : travail, intégration, éloignement mais aussi asile et contentieux des étrangers. Elle fut dénoncée par la Défenseure des Droits, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) et par la quasi-totalité des organisations humanitaires relevant la « faillite de l’État de droit » dont le traitement infligé aux personnes étrangères est le « symptôme ». Bien que depuis quatre mandatures l’inflation législative dans le domaine des migrations soit manifeste, le Gouvernement a annoncé vouloir de nouveau légiférer pour allonger la rétention administrative des étrangers clandestins jugés dangereux. L’une des pistes envisagées serait de faire passer la durée maximale de rétention de 90 à 210 jours, ce qui n’est possible pour le moment qu’en matière d’infractions terroristes.

[2] Giuseppe LANZA di TRABIA-BRANCIFORTE, plus connu sous son nom de plume et d’auteur Giuseppe LANZA DEL VASTO, fut un écrivain français qui naquit le 29 septembre 1901 à San Vito dei Normanni, province de BRINDISI, dans les POUILLES (Italie) et mourut le 5 janvier 1981 à MURCIE, dans le Sud-Est de l’Espagne. Philosophe et poète dandy très connu du monde parisien des arts et des lettres dans les années 1930, il fit un voyage en Inde pour rencontrer GANDHI (1936-1938). C’est à à partir de cette rencontre qui devait très profondément le marquer qu’il écrivit le livre qui fit tout de suite sa renommée : Le Pèlerinage aux sources (1943). Il fonda également les Communautés de l’Arche, une sorte d’ordre religieux laïc axé sur la vie intérieure et la non-violence active. Écrivain et poète de langue française, il fut aussi sculpteur, dessinateur et musicien. Conférencier international, il s’engagea dans de nombreuses actions en faveur de la paix.

[3] Alain RICHARD et Christophe HENNING, Une vie dans le refus de la violence, Alain Richard, entretiens avec Christophe Henning, Albin Michel, 2010, 272 p. (ISBN 978-2-226-19138-0 et 2-226-19138-0). En sous-titre sur la couverture : Le fondateur des cercles de silence.

 

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