… … Ce temps des lumières…dans une longue nuit du monde…. par Philippe TANCELIN, poète-philosophe

Chers amis,

Dans ce très beau poème ci-dessous dédié à nouveau à Gaza, dans sa dramatique situation actuelle – que nous n’évoquerons jamais assez – , notre ami Philippe TANCELIN, poète-philosophe, nous invite, avec les gazaouis, les poètes et cinéastes palestiniens, à espérer un « sursaut de lumière dans le jour vertical » pour faire advenir « ce temps des lumières dans une longue nuit du monde ».

Texte parcouru par l’émotion profonde du poète-philosophe et où perce son indignation légitime qui est aussi la nôtre et celle de tous les humanistes du monde entier !

Mais aussi texte ardent et magnifique, d’espoir et d’espérance !

Merci, cher Philippe Tancelin !

Louis Saisi

Paris, le 11 janvier 2025

… Ce temps des lumières… dans une longue nuit du monde…

par Philippe TANCELIN, poète-philosophe

16 mois ce soir qu’on tue sans trêve des dizaines de milliers de femmes, enfants, hommes de tous âges, des centaines de milliers qu’on contraint à l’exode, sans relâche, sous la soif, la faim, les épidémies, sans soins, poursuivis par les drones et les bombardements, jusque dans les décombres, les tentes de réfugiés, sans écho. Et tout ceci, comme pour mieux les désespérer de quelque issue en ce monde, hors de la chambre de privation sensorielle qui apparaît quand tout est obstrué afin que rien ne filtre d’un appel, d’une larme, d’un sourire qui risqueraient d’être entendus comme signes de survie.

Lorsque tout est détruit, que veulent-ils encore, ceux-là qui poursuivent avec la complicité objective d’une part de l’orient et du grand tout occident, non pas une guerre, mais la disparition de quelque trace d’humanité sur la terre nommée Palestine ? « Mais que veulent-ils » tandis que c’est le degré zéro, d’un sens humain, interroge un des 23 réalisateurs de « From Ground zéro (1) » ? La réponse est claire : faire perdre à un peuple toute lueur d’espoir en la paix, tandis que comme le dit une jeune femme de Gaza, réfugiée : « Ici la paix est meurtrière » et malgré tout cela, 23 cinéastes de Gaza à travers fictions, documentaires, témoignages, à raison de 3 à 6 minutes de film chacun, nous font entendre et voir que dans la longue nuit de notre monde extérieur à Gaza… Gaza fait siècle des lumières.

On n’y survit pas, on y vit, au sens le plus profond de l’humanité chaque fois qu’elle est capable de soulever les décombres et de faire surgir les plus beaux gestes d’espoir, d’amour, de joie, d’éducation, de résistance contre le déni qu’on lui oppose.

A voir ce film de 23 courts-métrages non pas en spectateur, mais en témoin responsable de sa propre présence et identité face à de telles images, on ne peut que retenir leçon :

Ici ou ailleurs, par pays « en paix », nous n’avons pas le droit à « la déprime », nous n’avons pas le droit à quelque « sentiment d’impuissance » face à ce qui se déroule, même si dans l’espace-temps des scènes politiques, nos voix sont couvertes. Nous n’avons qu’un devoir, par tous les moyens dont dispose notre degré d’humanité s’il n’est pas au point zéro ; ce devoir est de reconnaître que les vivants de Gaza sont aujourd’hui cette épreuve de lumière qu’ils nous déposent comme une offrande pour résister à l’obscur de nos jours nantis. En cela, leurs morts sont plus vivants que nos certitudes de vivre et leurs gestes d’espoir à l’instant, relèvent de l’œuvre d’art que représente de vivre son humanité en une ère déshumanisée. Si malgré cette épreuve, nous demeurons sceptiques, c’est alors qu’en cherchant à faire mourir Gaza de désespoir, c’est bien nous que l’on veut désespérer de ce monde, nous, à qui l’on signifie clairement qu’il en serait fini aussi d’espérer autre monde.

 « From Ground zéro » et « Que ma mort apporte l’espoir » par les poètes de Gaza, sonnent l’heure du choix entre reddition devant la nuit mortifère et sursaut de lumière dans le jour vertical.

… Il n’y a d’autre épreuve que celle de nous atteindre où nous nous cherchons…

Philippe Tancelin/10 janvier 2025

Notes

  • 23 courts-métrages réunis par l’initiateur du projet : Rashid Masharawi,(réalisateur palestinien, à partir du 15 février aux « trois Luxembourg, 
  • Anthologie des poèmes de Gaza. Edition Orient XXI Libertalia trad.Nada Yafi/Postface Karim Kattan

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