Les formes d’obscurantisme et d’oppression sont hélas nombreuses dans toutes les parties du monde, mais l’une de ces formes – la plus impérialiste qui soit – nous vient aujourd’hui des Etats-Unis et habite à la Maison Blanche.
En effet, le 4 février 2025, depuis son pupitre de la Maison Blanche, TRUMP annonçait, à la plus grande stupéfaction des Palestiniens et du monde arabe, mais aussi de la communauté internationale, le projet des USA d’occuper et de reconstruire GAZA…
Nous reviendrons sur ces (et ses) déclarations, mais déjà notre ami Philippe TANCELIN, poète-philosophe, nous livre ci-dessous son ressenti et son indignation sur ce qu’il dénonce très justement comme « l’attelage de l’abject et son déferlement ».
LS, le 9 février 2025
L’attelage de l’abject et son déferlement
Par Philippe TANCELIN
Il ne suffisait pas de meurtrir les chairs
d’abominer les survivants
d’insulter les mémoires,
il fallait encore profaner les décombres-tombes sous lesquels des milliers ont
disparu,
effacer le symbole de l’olivier,
recycler le soleil en projecteur d’UV pour farniente,
instrumentaliser la mer…
Qui l’eût cru ?
On arguera qu’il s’agit là du fruit d’un immense désordre dans la pensée
dominante de la première puissance d’occident, un in-pensé présidentiel et ses
effets en lisière du vide d’Être… Un in-visage du monde nanti…
Pourtant ce n’est que la furie d’une parole du crime de lèse-humanité se répandant
en héritage parmi les siens.
Point besoin d’emprunter quelque imaginaire passé de la terreur, de la déportation
reconvertie en « déplacement », pour approcher ce jour, l’insoutenable
rugissement de la bête de pouvoir et sa soif de frayeurs.
De quelques côtés on s’indignera,
d’autres, on retiendra une solution finale qui enfin balaierait le sable, de ses
châteaux en Palestine, recouvrirait la plage de nus entrés en méditation…
Quelle parole passe le gué des mémoires perdues !
Quels seuils du supportable franchissent les cimes de l’obscur !
Quel devenir égaré dérive sous le vent d’un monde inassouvi de sacrifices !
Quel soleil darde sur ces présences tombées de leur figure de lumière !
Nous disons que du réel on ne voit plus rêver les profondeurs…
Elles semblent avoir quitté l’Homme venu boire en la vase des mots.
L’heure est au lieu et temps de son passage parmi la ténébreuse réalité soudain
dévêtue de ses belles apparences
On n’entend plus que la rumeur impérialiste faisant vaisseau à l’horizon des
choses où l’on voudrait que s’abîmât Gaza
Mais…
Ce serait sans compter avec l’altitude d’aimer sa terre
en dessiner l’habitable pour un devenir humain
en cultiver le poids, la densité pour s’y tenir de bonheur récolté
tout ce qu’atteint un peuple au terme de son épure
lorsque son ombre lève entre les arbres sur le ciel aveuglé
Le peuple palestinien est d’une éternité intérieure qu’on ne déplace pas
Son histoire ouvre en son tracé les voies de l’originaire
Dans l’ombre qu’elle fait sur ses ruines
Gaza assemble les pierres de son édifice de midi
Philippe TANCELIN
6 février 2025