En périphérie de Gaza… par Philippe TANCELIN

Ci-dessus, plus de la moitié des terres agricoles de Gaza, cruciales pour nourrir la population affamée du territoire ravagé par la guerre, ont été dégradées par le conflit, comme le montrent des images satellites analysées par les Nations Unies

La situation à GAZA, après la rupture unilatérale par Israël du cessez-le-feu depuis le 18 mars dernier, est humainement catastrophique. Au jeudi 27 mars 2025, 855 personnes avaient été tuées depuis la reprise des bombardements israéliens dans l’enclave palestinienne, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas [1].

Sur le plan humanitaire, laissant éclater son indignation dans une formule aussi saisissante qu’accusatrice, M. António GUTERRES, Secrétaire Général des Nations Unies, a déclaré le 8 avril 2025 : « Gaza est un champ de mort et les civils sont pris dans une boucle mortelle sans fin » [2].

Il a ainsi jugé que la situation actuelle était « intolérable au regard du droit international et de l’histoire » en rappelant Israël à ses obligations en tant que puissance occupante, au titre de la quatrième Convention de Genève.

« L’article 55 impose le devoir d’assurer les approvisionnements en nourriture et en médicaments. L’article 56 impose le maintien des services médicaux et de santé publique », a-t-il énuméré, avant de conclure :

« Rien de tout cela ne se passe aujourd’hui » [3].

Notre ami Philippe TANCELIN dénonce ci-dessous, dans un très beau texte, ce crime de « Terricide » que constitue, pour lui, la destruction de la vie par la destruction de la terre qui est un crime contre la Nature.

Louis SAISI

Paris, le 10 avril 2025

En périphérie de Gaza…

par Philippe TANCELIN

En périphérie de Gaza « Une zone de mise à mort », disent les soldats… « Quiconque franchit cette zone, est considéré comme une menace et condamné à mort. »

Lorsqu’une telle zone définie par l’armée d’occupation, représente 35% des terres agricoles de Gaza, la symbolique n’est plus une « zone tampon » mais la préfiguration d’un faire disparaître tout ce qui est vie mais plus encore source de vie, de mémoire, au-delà de la zone, aux seules fins de l’immanquable remplacement imaginé par un délire criminel.

Détruire des maisons, des installations d’infrastructures, réduire à l’état de ruines des villes entières avec les atrocités que cela implique contre les populations concernées, c’est encore produire une image de la guerre…

Mais…

Raser la terre jusqu’à la réduire à un paysage lunaire, avec interdiction qu’elle laisse pousser d’elle-même la moindre herbe, le plus infime végétal, ce n’est autre que la dénaturer, ne plus la reconnaître comme terre-nature pour les Hommes et avec eux, par eux. L’interdit d’ensemencement est un véritable « Terricide » dont on ne peut ignorer que pour tout terrien et en particulier Palestinien, il représente à cet instant, l’infini de la cruauté, ce qui ne peut être racheté par quelque dessein serait-il impénétrable.

En ces temps de prétendus retours-recours à la nature naturante, au respect de ce qui enveloppe naturellement l’Homme sur la terre, en la végétalisation des zones urbaines, la protection des arbres… quel tissu d’insanités ne voit-on pas se lever en étendard de la civilisation et sa protection de la planète !

Quand il n’y aura plus d’ombre pour s’allonger d’arbre en arbre

Quand il n’y aura plus de silhouette pour rejoindre l’horizon

Quand le vent ne soufflera plus que le silence de l’immobile

Quand le désert ne sera plus qu’un parvis sans âme

Quel oiseau passera d’ici ses nids effacés, à ailleurs que rien n’appelle ?

Quelle présence évadée rejoindra son indéchiffrable ?

Quel ciel verra sa chute dans l’en-de-çà de son mystère ?

Lors, on saura humblement que lève toujours une main palestinienne

 Pour semer le fond rêvé de sa terre.

Philippe TANCELIN

Poète-philosophe/ 8 avril 2025

Professeur émérite Université
Centre de Recherches Poétiques : site CICEP
 » EFFRACTION  » :  Collectif de poètes des cinq continents /Éditions L’Harmattan

NOTES

[1] Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas a annoncé, jeudi 27 mars, que 855 personnes avaient été tuées depuis la reprise des bombardements israéliens dans la bande de Gaza, dix jours plus tôt. Il ajoute que l’offensive israélienne a également fait 1 869 blessés depuis le 18 mars. Le bilan total depuis le début de la guerre, déclenchée par l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, se monte désormais à 50 208 morts dans la bande de Gaza.

[2] Source : site des Nations Unies

[3] Le Secrétaire Général des Nations Unies a également appelé à une enquête indépendante sur les attaques ayant coûté la vie d’agents humanitaires, suite à la découverte des corps de 15 secouristes dans une fosse commune près de Rafah, dans le sud de Gaza, où ils ont été tués par l’armée israélienne alors qu’ils tentaient de porter secours à des blessés dans la zone. Au-delà de Gaza, le Secrétaire général s’est alarmé de l’escalade de la violence en Cisjordanie occupée. « Le risque que la Cisjordanie ne devienne un autre Gaza rend la situation encore plus préoccupante », a-t-il averti. Face à ce qu’il qualifie de « voie sans issue », António Guterres a exhorté la communauté internationale à agir : « Il est temps de mettre fin à la déshumanisation, de protéger les civils, de libérer les otages, d’assurer l’aide vitale et de rétablir le cessez-le-feu (source : site des Nations Unies).

 

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