Au sortir de « Gaza mon amour » ( film de Tarzan et Arab Nasser)
par Philippe TANCELIN, poète-philosophe
Comment ? Par quelle porte, quelle anfractuosité, interstice sortir ? Sortir de cette immersion dans les profondeurs de Gaza…Gaza la recluse, l’encerclée, l’oubliée…à ce point oubliée en son intimité, en ses chuchotements, ses frissons d’insomnie, qu’on finirait par croire qu’elle est une fiction dessinée par une médiatisation de l’événementiel qu’on lui octroie à coup de bombardements et d’opérations périodiquement durcis.
Rarement l’enfermement et ses guichets, ses contrôles, sa surveillance ont cinématographiquement imprimé à ce point l’atmosphère, impressionné les corps, écrit les intérieurs jusqu’aux détails les plus secrets.
Plus rarement encore l’odeur d’abandon n’a hanté si obstinément les gros plans de visages, les regards, le port des corps dans les labyrinthes du camp aussi bien que dans le démuni des murs d’une chambre…
Tout est sur la réserve…des relations, expressions…dans la réserve des sentiments et ce sont des trésors qu’on entrevoit comme l’Antique d’une humanité qui ne vieillirait jamais sinon sous l’enregistrement civil de ses âges mêlés…depuis « le jeune » sur le départ ou plutôt la fuite, l’exil vers le mirage du monde de ceux qui abandonnent, jusqu’au septuagénaire dont « l’avenir est ici » à Gaza, dans les pas de la tragédienne silhouette d’une femme de l’ombre.
De la croisée des deux, l’amour fera Gaza, Gaza fera l’amour dans les fils d’une dentelle de cinéaste dont la finesse d’écriture cinématographique, la subtilité des allusions à ce qui est hors Gaza, la puissance de l’image critique, suscitent ce sentiment abyssal de la Rencontre. Rencontre avec un peuple, une société, des personnes, des physiques, des psychés et des épidermes, qu’on ne savait imaginer sans ce conte hyper autant que surréaliste pour lequel l’amour-humour tient la caméra comme une arme irréductible.
Une fois immergés dans cet amour Gazaoui comment pour sortir, ne pas rentrer dans nos forts intérieurs pour tenter d’y miner les remparts de peur et de médiocrité de leurs représentations aliénées.
Philippe TANCELIN
Poète-philosophe
5 octobre 2021
4 commentaires sur “Au sortir de « Gaza mon amour » (film de Tarzan et Arab NASSER) par Philippe TANCELIN”
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