Législatives au Royaume-Uni : des élections à méditer, pour nous Français…
Si l’on en croit la presse et les medias, les britanniques viennent de refuser la majorité absolue à la Première Ministre Theresa MAY. Ils ont utilisé leur bulletin de vote, de manière très politique, pour presser leur Première Ministre à gouverner avec la Chambre des Communes et non contre celle-ci, en cessant de la considérer comme l’instrument et le prolongement du pouvoir exécutif.
Si les résultats étaient confirmés, les Tories de Theresa MAY obtiendraient 318 sièges à la Chambre des communes (elle en avait 331, soit la majorité absolue), contre 261 pour le Parti Travailliste (Labour) qui a gagné une trentaine de sièges, l’attribution du siège de Kensington étant toujours incertaine. Ces élections anticipées, comme on le sait, avaient pour but de renforcer la majorité absolue aux Communes favorable à la Première Ministre sortante. La manoeuvre n’a pas fonctionné et elle a perdu la majorité absolue dont elle disposait avant le scrutin du jeudi 8 juin 2017.
Cela signifie qu’à la Chambre des Communes comptant quelque 650 députés, elle aura besoin de la dizaine des députés unionistes d’Irlande du Nord – avec lesquels elle pourrait former un gouvernement de coalition – pour atteindre la majorité absolue qui lui fait aujourd’hui défaut.
Ainsi donc malgré les nombreux et sérieux problèmes auxquels le Royaume-Uni est confronté – et notamment la sortie de l’Union européenne, avec le Brexit -, les électeurs britanniques ne se sont pas laissés inhiber et ont considéré que le salut, pour eux, ne viendrait pas forcément du renforcement du pôle Exécutif en faisant de celui-ci un Exécutif fort imposant ses vues à une Chambre des Communes, docile et suiviste.
Et si les Français, dimanche prochain 11 juin, puis le dimanche suivant, 18 juin, se souvenant aussi que la France est une démocratie parlementaire, s’inspiraient, pour une fois, des anglais – avec lesquels nous entretenons des relations ancestrales complexes et souvent tendues depuis Jeanne d’Arc et Waterloo – en refusant à leur tour de donner la majorité absolue au Président Macron nouvellement élu ?
Ce serait un retour aux sources de notre droit constitutionnel et surtout une réhabilitation du rôle du Parlement chargé de voter la loi et de contrôler le Gouvernement, conformément, d’ailleurs, à la Constitution du 4 octobre 1958, qui n’a jamais dit que le Parlement devait être annexé par le pouvoir exécutif et devait devenir un organe placé sous son contrôle et son emprise, ce qui est un curieux renversement des choses dans une démocratie parlementaire…
Louis SAISI
Paris, le 9 juin 2017