La Fontaine, fabuliste d’hier et d’aujourd’hui : Réflexions autour des animaux malades de la peste par Louis SAISI

LA FONTAINE, FABULISTE D’HIER ET D’AUJOURD’HUI 

RÉFLEXIONS AUTOUR DES ANIMAUX MALADES DE LA PESTE

par Louis SAISI

Ci-dessous, Jean de LA FONTAINE

(1621-1695)

Malgré le titre de la Fable, dans Les animaux malades de la peste (voir cette belle Fable en Annexe), ce n’est pas la maladie qui est au centre de la pièce car celle-ci va être le révélateur de maux encore plus grands dont souffrent les sociétés de cour.

Un fléau peut ainsi mettre au jour les tensions et contradictions d’une société – faite par les hommes et en principe destinée à fonctionner pour eux – et en révéler tous les maux.

Ainsi, aujourd’hui, en France, et plus largement dans le monde, l’épidémie du coronavirus a révélé les multiples maux de nos sociétés : besoins fondamentaux laissés en friche au profit du développement d’un secteur marchand et spéculatif, source de la richesse accaparée par une minorité de nantis et privilégiés, pauvreté récurrente, inégalités flagrantes, injustices criantes ; exercice du pouvoir éloigné des citoyens et de leurs préoccupations et aspirations ; représentants devenus sourds et aveugles et ne représentant plus qu’eux-mêmes dans leur course aux places et aux honneurs ; gouvernants préoccupés seulement d’eux-mêmes et de leur image ; bien public jeté aux orties…

De nouvelles fables modernes – qui pourraient décrire les errements et les nombreuses insuffisances et infirmités du néolibéralisme ambiant censé exprimer la liberté de tous quand il ne se confond qu’avec l’intérêt de quelques-uns – sont encore à écrire pour raconter tous les vices et travers de nos sociétés…

Il reste que certains de ces vices et dysfonctionnements de notre « système » ne sont pas fondamentalement nouveaux mais continuent, au fil du temps, leur voyage à travers l’histoire de nos sociétés car liés à l’aventure humaine, alors qu’on aurait pu les penser disparus. Ils étaient déjà présents, hier, et gangrenaient les sociétés de nos Anciens. C’est ainsi que le phénomène de La société de cour a été analysé par Norbert ELIAS [1], même si l’on peut ne pas souscrire à la thèse du sociologue allemand selon laquelle Versailles aurait été le creuset de l’homme moderne car c’est faire fi du message humaniste des Lumières et aussi de ce que fut l’immense apport de la Révolution française à l’éclosion de l’homme moderne. Il reste que du point de vue historique, son ouvrage s’est intéressé à la cour des rois de France, de François Ier à Louis XIV et à la description de ses rouages. Selon ELIAS, La société de cour est à entendre de deux manières : d’une part, dans son sens premier, le plus directement accessible, celui d’une société dotée d’une cour ; d’autre part, dans un sens plus sociologique, celui d’une « cour » constituant elle-même une société à part entière, autrement dit, une « formation sociale ». Mais, alors, ELIAS aurait-il pu, peut-être, sous cette seconde acception, pousser plus loin son analyse sur l’opacité de la structure de Cour en la liant causalement aux évènements postérieurs qui accouchèrent de la Révolution française de 1789, préparée elle-même par le mouvement philosophique critique des Lumières. Avec l’avènement du suffrage universel et de la démocratie – gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple – on aurait pu légitimement considérer les vices et dysfonctionnements de l’Ancien Régime (comme le phénomène de cour) – et cela d’autant plus qu’en leur temps ils étaient déjà dénoncés par certains esprits libres et critiques – comme révolus et définitivement bannis de notre République fondée sur la liberté, l’égalité et la fraternité et faisant de la loi le centre de tout en tant qu’expression de la volonté générale.

L’œuvre salvatrice de régénération de l’esprit critique a occupé de nombreux penseurs et moralistes depuis la Renaissance jusqu’au Grand Siècle (le 17ème siècle) qui nous donna parmi les plus illustres : François de LA ROCHEFOUCALD (1613-1680), Blaise PASCAL (1623-1662), Jean de LA BRUYÈRE (1645-1696). Ces moralistes étaient des écrivains qui développaient leurs réflexions sur les mœurs, les usages, les comportements humains, et les caractères des hommes et des femmes [2].

LA FONTAINE (1621-1695) a longtemps été négligé car trop souvent voué exclusivement au monde scolaire de l’enfance ayant subverti la fable en pédagogie enfantine. Pourtant, son domaine de prédilection n’était pas très différent et même recouvrait bien celui des moralistes de son temps. En effet, comme les moralistes, il n’épousait pas un système construit, normé et donc s’abstenait de faire des leçons de morale et de définir des normes de comportement, préférant peindre plutôt le cœur de l’homme tel qu’il était, au besoin en soulevant le masque de l’hypocrite pour montrer les intentions véritables pas toujours très louables…. Plus généralement, il dévoilait les intentions cachées et proposait une satire des mœurs fondée sur la description sans fard de la réalité du cœur humain. Comme les moralistes, il avait pour ambition une connaissance de l’homme et des profondeurs conscientes ou plus souterraines (on dirait aujourd’hui « inconscientes ») dans lesquelles s’inscrivait son comportement social. Le champ d’étude privilégié des moralistes portait, comme on le sait, sur le fonctionnement intime et secret de l’homme et des ressorts de l’âme humaine : intérêt, amour-propre, orgueil, goût du pouvoir, volonté de puissance, passions humaines en général, amour en particulier, paresse et vengeance, etc.

LA FONTAINE commença donc à publier ses fables en 1668. Comme on le sait, celles-ci visaient à donner sous une forme légère et ludique un enseignement moral. Pour cela, il avait l’habitude d’écrire une courte histoire – souvent empruntée à des auteurs antiques (le plus souvent ÉSOPE) – grâce à laquelle il s’efforçait d’illustrer une morale.

I/ LES SOURCES DES FABLES

Ci-dessous, PHEDRE

En effet, dans le prologue de ses propres Fables, PHÈDRE, poète romain (14-50 av J-C) – qui écrivit sous le principat de TIBÈRE – en rappelant ce qu’est l’objet d’une fable fut le premier, à désigner « ÉSOPE », écrivain grec (du VIIe siècle av. J-C. au début du VIe siècle av. J-C) comme l’inventeur de la fable dont d’ailleurs lui-même s’inspira ou qu’il adapta :

« C’est Ésope qui, le premier, a trouvé la matière : moi, je l’ai polie en vers sénaires [3]. Ce petit livre a un double mérite : il fait rire et il donne de sages conseils pour la conduite de la vie. À celui qui viendrait me reprocher injustement de faire parler non seulement les animaux, mais même les arbres, je rappellerai que je m’amuse ici à de pures fictions » [4]

C’est donc ÉSOPE qui fut le premier à élaborer le modèle de la fable, celui d’une fiction s’inspirant de la vie – ou d’une tranche de celle-ci – ou d’un personnage mythique à partir desquels l’on tire une morale.

Dans la préface à ses Fables, Jean de La Fontaine – reconnaissant ainsi implicitement sa dette vis-à-vis de ces deux auteurs antiques – les a lui-même réunis dans sa présentation de ce qu’est l’objet d’une Fable :

« L’apologue est composé de deux parties, dont on peut appeler l’une le corps, l’autre l’âme. Le corps est la fable ; l’âme, la moralité. […] Du temps d’Ésope, la fable était contée simplement ; la moralité séparée et toujours ensuite. Phèdre est venu, qui ne s’est pas assujetti à cet ordre : il embellit la narration, et transporte quelquefois la moralité de la fin au commencement. »  (Préface aux Fables).

Le nom d’ÉSOPE devait d’ailleurs se pérenniser puisqu’au Moyen Âge, où la fable est alors désignée par un nouveau terme : l’ysopet (ou isopet). C’est ainsi que vers 1180 Marie de FRANCE (1160-1210) [5] traduisit un recueil de fables latines dont la paternité première était attribuée à ÉSOPE.

Ci-dessous, Enluminure représentant Marie de France
écrivant son ysopet et réalisée vers 1290
par « Le Maître de Papeleu »
(Richard de Verdun, actif
à Paris entre 1288 et 1327).

Poétesse et également chantre de l’amour courtois, elle est considérée comme la première femme de lettres française. L’on a souvent écrit que si ses autres œuvres furent oubliées, en revanche, ses fables, s’inspirant d’ÉSOPE furent lues sans interruption, du XIIe au XVIIIe siècle, en raison d’une vivacité caractéristique qui aurait été imitée par La Fontaine.

Mais le terme « ysopet » se perd ensuite. En 1438, l’humaniste italien Lorenzo VALLA (1407-1457) découvre, à partir d’un manuscrit grec, trente-trois fables qu’il traduit. Ces découvertes sont essentiellement recueillies dans ce que l’on va ensuite appeler l’Aesopus Dorpii, du nom de l’humaniste Martin DORPIUS, qui les publia à partir de 1510.

Mais le recensement plus ou moins exhaustif des Fables fut un processus qui prit du temps. C’est ainsi que l’édition princeps fut due en 1479 au pisan BUONACCORSO (BONUS ACCURSUS en latin) et livrée en un seul manuscrit, le « Laurentianus » se composant de 148 fables [6].

En France, en 1484, à l’initiative de Julien MACHO, frère augustin de Lyon, paraît une nouvelle traduction des « Fables d’ÉSOPE, précédées de sa vie, traduites de latin en français par frère Julien, des Augustins de Lyon, avec des fables d’Avian, d’Alfonse et aucunes joyeuses histoires de Poge » (Lyon, M. Huss et J. Schabeler, 1484) [7].

En 1505, l’édition ALDINE reproduisit 147 fables et en ajouta 5 nouvelles censées avoir été tirées d’un manuscrit dit de Milan [8].

À son tour, en 1546, l’imprimeur du Roi, Robert ESTIENNE (1503-1559) réimprima le « Laurentianus » et l’ALDINE auxquels il rajouta 24 fables nouvelles tirées du Parisinus 994 [9].

Aux XIVe et XVème siècles, les recueils de fables étaient publiés avec force illustrations appelés « emblèmes ». Pour chaque fable, ou emblème, il y a d’abord un titre, puis une image ou une gravure illustrant le titre, puis un court récit en vers et enfin une moralité. Les livres d’emblèmes furent très à la mode pendant tout le XVIe siècle. Après n’avoir désigné que la seule gravure, le sens du mot « emblème » va s’étendre pour s’appliquer également à la poésie qui lui sert de légende ou de commentaire. Ainsi Le premier livre des Emblesmes est composé et publié en 1550 par Guillaume GUÉROULT (1507-1569), éditeur, traducteur et poète français d’origine rouennaise [10].

Selon Claire LESAGE [11], « On peut distinguer, dans l’histoire de la fable, deux directions différentes, prises par tous ceux qui s’y sont essayés ; la remise en forme du corpus désigné comme « ésopique » pouvait être compris, soit comme la conservation, la compilation et la traduction des fables : c’est la tradition dite « savante », ou érudite, qui trouvera sa meilleure expression dans l’oeuvre accomplie par les humanistes, en particulier les Italiens au XVIème siècle ; soit au contraire comme une transformation, et une réutilisation de la matière de la fable à d’autres fins : il s’agit là de la tradition scolaire, mais aussi de la tradition rhétorique au sens large, qui pouvait fort bien déboucher sur une pratique proprement littéraire de l’apologue.

Le corpus « ésopique » dont disposait LA FONTAINE était celui que le XVIIème siècle avait hérité des compilateurs du Moyen Age et de la Renaissance ; il comprenait, outre une collection de textes établie au IIème siècle (collection Romulus), et remaniée ensuite par BABRIUS, puis par AVIANUS, au Bas-Empire, toute une collection de fables anonymes, qui étaient automatiquement attribuées à « ÉSOPE ». Ce corpus comptait donc également des fables de PHÈDRE, mais aussi des textes d’Aulu-Gelle, de Pline ou de Politien. »

II/ LA FABLE « LES ANIMAUX MALADES DE LA PESTE »

Les Fables choisies, mises en vers par M. de La Fontaine, plus communément appelées Fables de La Fontaine, sont trois recueils regroupant pas moins de deux cent quarante-trois fables allégoriques publiées par Jean de La Fontaine entre 1668 et 1694 [12].

Outre les premières fables, le premier Recueil (1668) contenait une préface, « la vie d’Ésope le Phrygien » et une dédicace « à Monseigneur le Dauphin ».

Le deuxième Recueil (1678-1679) comportait un « Avertissement » et était dédié à Madame de Montespan.

Le troisième Recueil (1694) était dédié à Monseigneur le duc de Bourgogne.

La fable Les animaux malades de la peste – qui fut publiée en 1678 – constitue la première fable du livre VII des Fables de La Fontaine du deuxième recueil (1678-1679).

L’idée centrale est celle de la survenance d’un Mal redoutable, si redoutable – la Peste – qu’il est considéré comme étant envoyé par Dieu pour punir les hommes qui sont ici incarnés par des animaux.

La fable, en effet, va prêter aux animaux les qualités et les défauts des hommes et le monde animal créé ici par La Fontaine est, comme toujours dans la plupart de ses Fables, la représentation de la société du 17ème siècle, ce qui lui permet d’éviter la censure.

Autant dire que l’on ne recherche guère la cause du Mal car dans un souci moralisateur on attribue l’origine du fléau à la vengeance de Dieu pour « punir les crimes de la terre » selon l’opposition classique : le Ciel à Dieu, la Terre aux hommes.

Dieu faisait donc la « guerre » aux hommes. Ceux qui mouraient étaient voués aux enfers comme le suggère la référence à l’Achéron qui, dans la mythologie grecque, était une branche de la rivière souterraine du Styx, sur laquelle Charon transportait en barque les âmes des défunts vers les Enfers.

Toutefois, Dieu n’a pas choisi l’extermination totale, car si « tous étaient frappés », ils ne « mouraient pas tous ».

Parmi les survivants, c’est la consternation au sein de la communauté qui devient, par la force des choses, dirait-on, aujourd’hui, « confinée »…

Point d’envie, point de proie, plus d’amour, plus de joie…

Le Roi (Lion) a compris que le « courroux » du Ciel contre les « péchés » des hommes est le motif d’une telle « infortune » qui exige que ceux-ci fassent amende honorable dans le repentir seul susceptible de conduire à la « guérison ».

Et c’est à ce repentir collectif qu’il convie ses sujets en demandant que « le plus coupable » se « sacrifie » au « céleste courroux », en vue d’obtenir la « guérison commune ».

Il estime qu’il y va du salut public car de pareils « dévouements » se pratiquent en de telles circonstances, et chacun doit avoir à cœur de faire, sans « indulgence », étalage de ses turpitudes et insuffisances devant sa « conscience ».

Et, pour bien donner l’exemple, de commencer par lui-même!

Il commence par s’accuser d’avoir satisfait ses « appétits gloutons » qui lui ont fait dévorer « force moutons » qui pourtant ne lui avaient fait « nulle offense ». C’est dire que sa vie n’était nullement menacée et qu’il n’était pas en état de légitime défense. Et d’ajouter, de manière anecdotique, et comme s’il s’agissait d’une gourmandise ultime, qu’il lui est même quelquefois arrivé de « manger le berger ». Il conclut en disant « je me dévouerai donc », mais ajoute aussitôt « s’il le faut », ce qui atténue son acceptation à être prêt à expier sa faute en même temps que la gravité de celle-ci qui, pour lui, ne s’impose donc pas. Mais, poursuit-il, au préalable, il est bon que chacun s’accuse ainsi qu’il l’a fait lui-même, car il faut souhaiter « selon toute justice que le plus coupable périsse ». Déjà, malgré la gravité de son forfait, le Lion développe implicitement l’idée que d’autres aient pu commettre un crime plus grave que le sien. Cette partie factuelle du discours du Lion frappe par sa brièveté, non seulement eu égard à l’ampleur de son crime mais aussi par rapport à l’ensemble de son intervention : d’une part, comparée à son propos introductif qui s’efforce d’accréditer l’idée qu’il est mû par un souci de recherche du bien public ; d’autre part, par rapport aux propos qui suivent la confession de son forfait dans lesquels il affirme sa volonté de rechercher la justice : « que le plus coupable périsse. »

Après ce discours, fort habile, suivent d’autres interventions, dont la première est celle du Renard…

Très empressé d’absoudre son Roi, le Renard, estime que celui-ci ne peut mal faire, et trop « bon » montre trop de « scrupules » en laissant « voir trop de « délicatesse ». Pour en faire la démonstration il s’appuie sur la personnalité vile de la victime. En effet, les moutons appartenant à une « sotte espèce » les manger n’est point un « péché » et « en les croquant » le Lion leur fit « beaucoup d’honneur ». Quant au berger, il n’est pas plus digne de considération que ses propres moutons, et l’avoir mangé est un bienfait pour les animaux à cause du pouvoir qu’il détient sur eux de manière illégitime.

Le Renard, ce faisant, oublie de faire sa propre confession publique. Mais personne ne lui en fait grief et ne lui demande des comptes. À la fin de son plaidoyer-panégyrique à la gloire du Roi,  non seulement il n’a pas de contradicteur, mais tous les flatteurs l’applaudissent.

Quant aux aveux des autres animaux pourtant dangereux (Tigre et Ours), le narrateur passe vite. En 5 vers, il les évoque, mais sans en expliciter le contenu qui d’ailleurs n’a pas d’incidence sur la suite. Qu’elles soient importantes ou pas, dès lors que ce sont les Tigre, Ours et « autres  puissances » qui les commettent (avec les mâtins, chiens de garde), les offenses sont considérées comme mineures. C’est ainsi que le narrateur emploie un ton ironique lorsqu’il utilise l’expression « les moins pardonnables offenses », alors qu’en réalité vu le « statut » de ces animaux ce sont sûrement, au contraire, d’impardonnables offenses qui ont été commises. Mieux encore, les uns et les autres apparaissent comme de « petits saints ». Il y a lieu de noter ici, à nouveau, la discrète intervention du narrateur qui sous-entend l’inverse de ce qu’il dit (antiphrase) en soulignant allusivement la « langue de bois » pratiquée dans l’entourage du Roi. Il s’agit de la dissimulation d’une réalité gênante pour tous car il serait inconvenant d’admettre publiquement que tous les membres du conseil du Roi sont coupables de forfaits.

Mais vient ensuite la confession de l’Âne qui va lui être fatale.

Au départ, sa faute est légère : passant devant un pré appartenant à des moines, il a tondu l’herbe de la largeur de sa langue.

L’Âne n’est ni un carnivore, ni un prédateur, et sa capacité de nuisance est faible. Il est plutôt d’un naturel paisible et doux. Et en des temps plus proches de nous, qui d’entre nous ne se souvient du poème « J’aime l’âne si doux… » que Francis JAMMES lui a consacré ! Mais revenons à la situation désespérée de notre Âne de la Fable.

Contrairement à ce que l’on a écrit parfois, l’Âne n’est pas, ici au moins, un représentant du peuple dès lors qu’il siège au conseil du Roi. En revanche, s’il appartient à ce conseil, il ne fait pas partie de ceux, privilégiés, qui y jouent un rôle prééminent car, bien que nous n’en sachions rien, étant donné la morale de la Fable opposant « puissants » et « misérables », il est probable qu’il siège au dernier rang des personnages de la Cour (ainsi lorsque tombe le verdict il est taxé de « galeux », « pelé »).

Psychologiquement, c’est un naïf, qui a eu le tort de prendre au sérieux le discours du Roi, alors qu’il ignore tout de la règle du jeu courtisan et des codes de la Cour. Honnête, jusqu’à paraître un peu ridicule dans son trop grand sérieux, il est condamné d’avance par « le système ».

Il pense qu’en tenant un discours parfaitement équilibré : dire la vérité en confessant la réalité de sa faute (brouter l’herbe d’un pré appartenant à autrui, en l’occurrence à des moines, lesquels, à l’époque, étaient les plus gros propriétaires fonciers), mais en invoquant des circonstances atténuantes (la « faim », « l’occasion », « l’herbe tendre »…) et en invoquant la minceur du forfait : il n’a brouté l’herbe que « la largeur de (sa) langue ». Ainsi, contrairement au Roi, sa consommation fut sobre et non gourmande  – il ne fit pas preuve d’un « appétit glouton » – ni encore moins sanguinaire. Il n’a pas commis un crime de sang.

Mais, maladroit, en terminant sa confession, il s’accuse néanmoins et partant se condamne au moins deux fois. La première fois réside dans son évocation du diable : « Quelque diable aussi me poussant » ; la seconde fois est dans la reconnaissance de son infraction au droit : «  je n’en avais nul droit puisqu’il faut parler net ».

La réaction, unanime et vindicative du Conseil, érigé en tribunal, ne se fait point attendre : « à ces mots on cria haro sur le baudet ».

Dans le vieux droit coutumier normand, « haro » était le cri poussé par la victime d’un flagrant délit pour attirer l’attention, et qui rendait obligatoire l’intervention de ceux qui l’entendaient pour faire cesser le délit et arrêter le coupable.

La clameur « haro », dirigée ici contre l’Âne, le désigne comme le « bouc émissaire » tout trouvé qui devra expier les péchés de tous. Le processus du bouc émissaire est ancestral et d’origine religieuse : lorsqu’un fléau quelconque (autrefois considéré comme un châtiment divin) s’abattait au sein d’une communauté et provoquait des perturbations importantes, ses membres cherchaient parmi celle-ci un responsable, une victime expiatoire. C’était le fameux bouc émissaire.

Après le « haro », la parodie de justice continue car c’est le Loup, un « clerc », donc un peu rompu au droit, qui bien que prédateur par excellence, va se charger du réquisitoire (« harangue ») prononcé contre l’Âne, qui doit expier pour tous, en tant que « maudit animal », un « pelé », « un galeux » à l’origine de tout le mal de la communauté.

Il y a lieu de noter, au passage, combien la modeste apparence physique de l’Âne, au pelage ras et plat, le dessert à côté de la majestueuses crinière du Roi Lion ou même de la fourrure fournie du Renard ou du Loup.

Le narrateur rappelle, au passage, que son forfait bien que simple « peccadille fut jugée (comme) un cas pendable ».

En effet, le fait de « manger l’herbe d’autrui » est un « crime abominable » qui mérite la mort seule à même de permettre l’expiation de « son forfait », comme on le lui fit voir (ce qui semble appeler l’exécution sommaire de la sentence).

Et la morale s’impose alors sous une lumière crue : « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ».

Sous l’Ancien Régime, notre salutaire principe d’aujourd’hui de l’égalité devant la loi n’existait pas, alors, dans la législation criminelle. Et si la peine se mesurait à la gravité du crime, elle se mesurait aussi par rapport au statut social de celui qui l’avait commis. D’ailleurs, le même crime n’amenait pas toujours ceux qui en étaient accusés devant le même juge. Les tribunaux variaient suivant la condition des prévenus et des plaignants bien plus que suivant la nature du délit ou du crime. Il y avait le tribunal de droit commun, et le tribunal d’exception et de privilège. Sous l’ancien régime, c’était à qui, parmi les gens ayant quelque bien ou avoir, échapperait au droit commun et se ferait admettre dans la classe des privilégiés. Il en était de la justice comme des impôts et des droits attachés à la terre. On tenait à ne pas être justiciable des tribunaux qui connaissaient des affaires du vulgaire, affaires civiles comme affaires criminelles. Les nobles, accusés de crime, faisaient porter leur cause directement au Parlement.

Pourtant, la fable des animaux malades de la peste n’est pas une satire de la justice car il est question des « jugements de cour » (entendons « cour du Roi »), et la décision du Roi, prise en Conseil, est une décision politique.

Or, comme on l’a vu, le Roi, le premier, refuse de se reconnaître coupable et de se sacrifier pour le bien public – qu’il prétend pourtant vouloir servir -, alors qu’il a commis et avoué plusieurs crimes de sang.

Et la position paradoxale et hypocrite du Roi soulève un problème important sur lequel les commentateurs de cette fable sont trop souvent restés discrets sinon silencieux : il s’agit du rôle et du pouvoir que joue le langage dans les rapports sociaux.

Ci-dessous, Pierre BOURDIEU (1930-2002)
l’un des sociologues les plus importants
de la seconde moitié du XXème siècle

En 1982, le sociologue Pierre BOURDIEU, dans son ouvrage « Ce que parler veut dire : l’économie des échanges linguistiques » (Ed. Fayard), prolonge sa réflexion antérieure sur le pouvoir symbolique (pouvoir de domination) [13] pour nous livrer une réflexion qui, reposant sur une critique de la linguistique interne saussurienne – ou linguistique synchronique –, entreprend de développer l’idée que le langage est un phénomène social s’inscrivant dans des rapports de domination.

En ce qu’ils font croire et agir, les mots exercent un pouvoir magique.

Il n’est guère contestable que depuis les jésuites on connaît la force et la magie des mots, notamment en France, où les énarques et les grands corps de l’Etat [14] ont pris le relais de la célèbre Compagnie de Jésus… Ainsi, avec le budget des hôpitaux se réduisant comme une peau de chagrin, depuis ces dernières décennies jusqu’à la crise actuelle de leurs  équipements et moyens sociaux et financiers, nous avons un exemple patent de ce langage technocratique qui a acquis, depuis des lustres, une force de vérité légale ou de jugement définitif … En effet, quand l’Etat ne veut pas consacrer les moyens à telle forme de dépense publique, les énarques de Bercy parlent d’un « budget contraint » et accréditent ainsi l’idée que ceux qui revendiquent plus de moyens ne sont pas raisonnables mais développent un discours irrationnel ou, pire encore, idéologique, puisque le budget est « contraint »…

On le voit ici, dans cette Fable, le langage – qui n’est pas neutre – véhicule la domination des puissants et comporte toujours un aspect normatif au service d’un certain ordre et d’une hiérarchie sociale.

Le Roi dit ce que va être la règle qui sera appliquée : le « plus coupable » doit se « dévouer », c’est-à-dire périr pour sauver la communauté. Il feint de jouer le jeu mais ne se pense nullement coupable, tout en disant être prêt à se dévouer si vraiment il le faut, mais en appelle aussitôt à la confession publique de tous les membres de son conseil pensant qu’il y a sûrement plus coupable que lui… Le Renard surenchérit en disant que le Roi n’a commis aucune faute : n’est pas une faute le fait de manger force moutons car ils appartiennent à une espèce inférieure et vile ; de même que manger le berger – qui use de son autorité au détriment du monde animal – ne constitue pas une faute.

L’Âne ne sait pas se défendre et n’a pas, dirait-on aujourd’hui, les éléments de langage de la cour des Grands – car il plaide coupable pour une peccadille – et le Loup n’aura ensuite aucun mal à le confondre – il a mangé l’herbe d’autrui, quel crime abominable ! – et à appeler sur lui la vindicte publique.

Pour Pierre BOURDIEU « Le pouvoir des mots ne s’exerce que sur ceux qui ont été disposés à les entendre et à les écouter, bref à les croire ».

Ainsi il considère que « C’est toute la prime éducation – au sens large – qui dépose en chacun les ressorts que les mots (une bulle du pape, un mot d’ordre du parti, un propos de psychanalyste, etc.) pourront, un jour ou l’autre, déclencher. Le principe du pouvoir des mots réside dans la complicité qui s’établit, au travers des mots, entre un corps social incarné dans un corps biologique, celui du porte-parole, et des corps biologiques socialement façonnés à reconnaître ses ordres, mais aussi ses exhortations, ses insinuations ou ses injonctions, et qui sont les « sujets parlés », les fidèles, les croyants. C’est tout ce qu’évoque, si on y songe, la notion d’esprit de corps : formule sociologiquement fascinante, et terrifiante. »

C’est le cas ici de l’Âne qui croit naïvement au discours du Roi et à sa volonté d’appliquer justement la règle selon laquelle c’est le plus coupable qui doit périr. En effet, le pouvoir de domination du plus fort ne peut fonctionner qu’avec le consentement des dominés. Et l’Âne se reconnaît vite lui-même coupable d’une « faute ». Il ne faut jamais perdre de vue le rapport de « complicité subie » que BOURDIEU a mis au jour à propos du pouvoir symbolique qui, pour fonctionner, a besoin de cette « relation obscure d’adhésion quasi corporelle » des agents sociaux et dominés à leurs dominants (cf. son article précité ci-dessus, note 13).

LA FONTAINE ironise sur le fonctionnement de cette cour, dans laquelle les puissants, qui s’arrogent tous les droits, n’en reconnaissent aucun aux plus faibles. Il dénonce ainsi l’hypocrisie des Grands, qui feignent de se conformer à la morale, de pratiquer leur examen de conscience, mais pour mieux se dépêcher aussitôt de s’exonérer eux-mêmes de toute faute et responsabilité.

Mais il n’est pas pour autant tendre ni compatissant avec les humbles, les obscurs, les « petits » dont il raille volontiers la naïveté et auxquels il reproche de succomber aux subtils discours du Roi et aux pratiques de la Cour dont ils ne connaissent ni les règles ni les codes qui sont entre les mains expertes de rusés et de fourbes.

Ainsi plus  de 300 ans après sa mort, le « papillon du Parnasse » – pour reprendre l’heureuse expression par laquelle il avait aimé se définir lui-même, lors de son discours de réception à l’académie française le 2 mai 1684 – nous régale encore par ses talents inégalés de conteur abordant, de manière vivante, enlevée, légère et fluide, les choses les plus sérieuses et les plus graves sur les hommes et la société dont certaines constituent encore la réalité substantielle de nos formations sociales contemporaines.

 Louis SAISI

Paris, le 4 mai 2020

ANNEXE : Les animaux malades de la Peste

Second recueil dédié à Madame de Montespan, Livre VII, Fable 1

Les animaux malades de la peste

Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste (puisqu’il faut l’appeler par son nom)
Capable d’enrichir en un jour l’Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n’en voyait point d’occupés
À chercher le soutien d’une mourante vie ;
Nul mets n’excitait leur envie ;
Ni Loups ni Renards n’épiaient
La douce et l’innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient :
Plus d’amour, partant plus de joie.
Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L’histoire nous apprend qu’en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L’état de notre conscience.
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J’ai dévoré force moutons.
Que m’avaient-ils fait ? Nulle offense :
Même il m’est arrivé quelquefois de manger
Le Berger. Je me dévouerai donc, s’il le faut ; mais je pense
Qu’il est bon que chacun s’accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse.
– Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d’honneur.
Et quant au Berger l’on peut dire
Qu’il était digne de tous maux,
Étant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire.
Ainsi dit le Renard, et flatteurs d’applaudir.
On n’osa trop approfondir
Du Tigre, ni de l’Ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu’aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
L’Âne vint à son tour et dit : J’ai souvenance
Qu’en un pré de Moines passant,
La faim, l’occasion, l’herbe tendre, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n’en avais nul droit, puisqu’il faut parler net.
A ces mots on cria haro sur le baudet. Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
Qu’il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d’où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l’herbe d’autrui ! quel crime abominable !
Rien que la mort n’était capable
D’expier son forfait : on le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

Jean de La Fontaine (1621-1695), Fables, 1678-1679.
Texte intégral : Paris, Aubert, 1842

NOTES

[1] Norbert ELIAS : La société de cour, Ed. Flammarion, 1985, puis Calmann-Lévy, 1994 (préface de Roger Chartier, traduction de Pierre Kamnitzer et Jeanne Etoré).

[2] Cf. Bérangère PARMENTIER : Le siècle des moralistes, Ed. Seuil, collection « Points », Paris, 2000. Voir aussi « Moralistes du Grand siècle », site Histoire Littéraire, https://cdn.reseau-canope.fr/archivage/valid/N-400-10812.pdf.

[3] Vers sénaire (iambique).Il s’agit du vers latin de six pieds emprunté au trimètre iambique grec. Il est surtout employé dans la comédie et la tragédie (Note LS). Quant à l’iambe, ou ïambe, en poésie, c’est un pied composé d’une syllabe brève suivie d’une longue. Dans les formes de poésie scandée, comme en grec ou en latin, le pied ne correspond pas habituellement à une syllabe : il est plutôt une unité rythmique, comme le temps en musique. Il peut alors se composer de deux syllabes, une courte suivie d’une longue (ïambe), une longue suivie d’une courte (trochée), voire une longue suivie de deux courtes (dactyle), deux longues (spondée), etc. (Wikipédia)

[4] PHÈDRE, Fables, I, prologue. Modestie suprême, PHÈDRE affichait l’emprunt de son inspiration à ÉSOPE dans le titre même de son Recueil – Phaedri Augusti Liberti Fabulae Æsopiae (Les Fables ésopiques de Phèdre, affranchi d’Auguste) -, mais là où ÉSOPE avait choisi la prose, PHÈDRE choisit le vers pour mettre d’abord en scène des histoires d’animaux (qui devaient inspirer au 17ème siècle Jean de LA FONTAINE), puis des personnages humains, lui-même, avant de s’en prendre à l’empereur TIBÈRE et à son ministre favori SÉJAN, ce qui lui valut l’exil. Les autres pièces de vers proviennent de sources diverses et de créations originales. Certaines semblent même être tirées de faits divers réels.

[5] Marie de FRANCE (1160-1210)…  Bien que ses origines soient obscures et que son nom ne soit qu’un surnom, Marie de FRANCE est considérée comme la première femme de lettres d’expression française que l’on connaisse car HÉLOÏSE elle-même (1092-1164) – ayant vécu au siècle précédent et dont le nom est resté comme attaché à la belle intellectuelle du Moyen Âge, épouse d’Abélard (ou encore Abeilard, Abaelardus en latin), première abbesse de l’abbaye féminine du Paraclet (en Champagne, près de Nogent), et à la réputation de « femme fatale » – n’avait écrit qu’en latin. Marie de FRANCE est aussi considérée comme la première femme de lettres qui, en Occident, écrivit en langue vulgaire.

[6] CHAMBRY (Émile) : « Une édition critique de fables ésopiques », Bulletin de l’Association Guillaume Budé, Année 1926, 10 pp. 25-35.

[7] Claire LESAGE : « Les sources antiques des fables de La Fontaine », 7 mars 2018, Blog GALLICA, La Bibliothèque numérique de la BnF et de ses partenaires.

[8] CHAMBRY (Émile) : « Une édition critique de fables ésopiques », Bulletin de l’Association Guillaume Budé, Année 1926, 10 pp. 25-35.

[9] CHAMBRY (Émile) : « Une édition critique de fables ésopiques », Bulletin de l’Association Guillaume Budé, Année 1926, 10 pp. 25-35.

[10] Guillaume GUÉROULT : Le Premier Livre des emblesmes composé par G. Guéroult, fut édité par Balthazar Arnoullet, à Lyon en 1550 (numérisé sur Google books). Il fut réimprimé, avec introduction et notes de VAUX de LANCEY (Rouen, 1937). Cet ouvrage est précédé d’une biographie développée concernant son auteur dont la vie fut assez agitée. En effet, Guillaume GUÉROULT, passé à la Réforme vers 1540, pensait trouver à Genève une certaine liberté d’expression et s’y rendit vers 1545. Il y publia alors chez Jean Girard sa traduction du psaume 124 Te Deum laudamus à la suite de deux sermons de Jean CALVIN. Mais comme il eut une vie tumultueuse et fréquenta, à Genève, les tavernes et les libertins, cela lui valut des démêlés avec les partisans de CALVIN qui voulaient faire régner dans la République de Genève une morale austère tirée des Évangiles… Guéroult dut alors quitter Genève, à la fin de 1549 ou au début de 1550, et vint donc s’installer à Lyon où il n’eut pas de peine à trouver un emploi, Lyon étant alors célèbre par ses imprimeries florissantes.

Il fut très impliqué également dans l’affaire de la Christianismi Restitutio pour son rôle majeur dans la publication de cet ouvrage de Michel SERVET (1552-1553) qui mit aux prises son auteur avec les autorités religieuses, et notamment Jean CALVIN, ce qui devait conduire le théologien espagnol Miguel Serveto y Conesa (dit Michel SERVET, naturalisé français en 1548) au bûcher pour hérésie en 1553.

[11] Claire LESAGE : « Les sources antiques des fables de La Fontaine », 7 mars 2018, Blog GALLICA, La Bibliothèque numérique de la BNF et de ses partenaires.

[12] Fables de La Fontaine (édition originale) : Jean de La Fontaine : FABLES CHOISIES MISES EN VERS 1668-1694, Texte intégral, Édition Barbin et Thierry (1668-1694).

[13] Cf. Pierre BOURDIEU : « Sur le pouvoir symbolique », Annales, Histoire, Sciences sociales, Volume 32, N° 3, 1977, pp. 405-411.

[14] Cf. Pierre BOURDIEU : La Noblesse d’Etat, Paris, Éditions de minuit, coll. «le Sens commun », 1989, 569 p.

 

 

 

 

 

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