Anna MARLY (1917-2006) ou celle à qui « Le Chant des partisans » doit sa filiation russe par Louis SAISI

Anna MARLY (1917-2006)

ou

celle à qui Le Chant des partisans doit sa filiation russe

par Louis SAISI

Aujourd’hui, 30 mai 2023, c’est le quatre-vingtième anniversaire du Chant des partisans

Qui n’a fredonné ou siffloté ce Chant, à la gloire de la Résistance française, contre l’occupation nazie ?

Comme on le sait, ce chant, qui fut l’hymne de la résistance, est aussi parfois appelé La Marseillaise de la Libération.

On en connaît, en général assez bien, deux de ses trois auteurs français : Joseph KESSEL et Maurice DRUON pour les paroles françaises qu’ils lui donnèrent, à LONDRES, le 30 mai 1943 [1], où ils avaient rejoint les forces françaises libres.

Anna MARLY est son troisième auteur français, pour la musique, qu’elle avait composée, bien avant, en 1941, alors qu’elle était à LONDRES, elle aussi.

Or si le rôle de KESSEL [2] et de son neveu DRUON est bien connu quant à l’écriture du Chant des partisans, la part prise par Anna MARLY est moins souvent connue ni encore moins évoquée.

Il n’est donc pas inutile de la rappeler ici, ne serait-ce que pour retrouver d’où lui est venue son inspiration trop souvent ignorée ou négligée.

Anna MARLY était une chanteuse et guitariste française, d’origine russe :  de son nom complet Anna Iourievna SMIRNOVA-MARLY, née BETOULINSKAÏA.

Née le 30 octobre 1917 à PÉTROGRAD (SAINT-PÉTERSBOURG, Russie), en pleine révolution d’octobre, elle dût, à l’âge de trois ans, émigrer en France (en 1920 ou 1921), avec sa famille (sa mère, sa sœur et sa gouvernante [2]) qui s’installe à MENTON.

À l’âge de 13 ans, après avoir reçu en cadeau de sa mère, une guitare – dont elle ne se séparera jamais -, Anna MARLY se tourne vers la musique, aidée, semble-t-il, par Sergueï PROKOFIEV qui, connaissance de sa famille, lui enseigne les rudiments de la composition.

Ci-contre, la guitare d’Anna MARLY dont l’artiste fit don au musée de l’Ordre de la Libération en 1990, et qui n’avait pas été présentée au public depuis presque 15 ans. Sa restauration, financée par l’association des amis du musée de l’Ordre de la Libération, permit sa présentation lors de l’exposition « LE CHANT DES PARTISANS, CRÉATION ET DIFFUSION » qui s’estenue à Paris, du 7 octobre 2019 au 5 janvier 2020.

 

Tout d’abord, danseuse dans la troupe des Ballets russes de Monte-Carlo, elle « monte » ensuite à Paris où elle s’inscrit au Conservatoire, tout en se produisant dans les cabarets en interprétant ses propres chansons.

C’est au cours de cette période qu’elle prit le nom de MARLY.

Elle a alors 23 ans, lorsque, après l’invasion de la France, en mai 1940, et avec le baron Van DOORN – qu’elle a épousé en 1939 – un nouvel exode la conduit, en passant par l’Espagne et le Portugal, à rejoindre LONDRES, foyer de la résistance française, où, en 1941, elle s’engage d’abord comme cantinière au quartier général des Forces françaises libres de Carlton Gardens, pour s’enrôler ensuite au théâtre des armées, chantant pour soutenir le moral des troupes.

Là, elle met peu à peu son talent musical et vocal au service de la résistance. C’est ainsi que, selon Lionel DARDENNE, historien, qui fut, du 7 octobre 2019 au 5 janvier 2020, le commissaire de l’exposition Le Chant des partisans au Musée de l’Ordre de la Libération à Paris (Hôtel des Invalides), « Elle jouera dans le Théâtre aux armées pour les soldats britanniques, tchèques ou polonais. »

C’est à l’occasion, en 1941, de la découverte d’un article sur le rôle des partisans soviétiques pendant la bataille de SMOLENSK contre l’armée allemande (10 juillet – 10 septembre 1941), qu’Anna MARLY va être puissamment inspirée.

En effet, la résistance soviétique devant SMOLENSK marque l’échec de l’opération Barbarossa conçue par HITLER pour envahir et anéantir l’URSS. Car le premier affrontement, sur le front de l’Est à SMOLENSK, entre les troupes allemandes du Groupe d’armées Centre et l’armée soviétique se traduit par un redressement des Soviétiques sur la portion centrale du front de l’Est, ceux-ci parvenant à freiner pendant deux mois l’avance du groupe d’armées Centre vers Moscou, grâce à de nombreuses contre-attaques qui bien que mal coordonnées et souvent très coûteuses, provoquent néanmoins l’enlisement des Allemands, les incitant à un changement de stratégie dès lors que l’Armée rouge n’a pas été anéantie sur les frontières de l’URSS, comme prévu dans le plan allemand initial.

Lors de cette lecture, Anna MARLY est fortement impressionnée par le rôle des partisans soviétiques lors de la bataille de SMOLENSK. Et elle éprouve, selon l’historien Lionel DARDENNE cité ci-dessus, une « réaction viscérale et se met à écrire une chanson ». C’est ainsi, poursuit-il, qu’« Elle évoque ce combat de la population civile contre l’armée allemande. C’est vraiment le mot de partisan qui l’a faite réagir. En Russie, les partisans sont le dernier rempart de la patrie en danger ».

Elle compose alors à la guitare la musique de « La marche des partisans » ou Guerilla song, inspirée d’une mélodie slave, dont elle rédige également les paroles, en russe, et dont le sens est à peu près le suivant :

« De forêt en forêt / La route longe / Le précipice
Et loin tout là-haut / Quelque part vogue la lune / Qui se hâte
Nous irons là-bas / Où ne pénètre ni le corbeau / Ni la bête sauvage
Personne, aucune force / Ne nous soumettra / Ne nous chassera
Vengeurs du peuple / Nous mettrons en pièces / La force mauvaise
Dût le vent de la liberté / Recouvrir / Aussi notre tombe…
Nous irons là-bas / Et nous détruirons / Les réseaux ennemis
Qu’ils le sachent, nos enfants / Combien d’entre nous sont tombés / Pour la liberté
 !

Comme elle le dira dans une interview en 1964, elle la chante et la joue ensuite plusieurs fois, en la sifflotant, le plus souvent sur sa guitare, sur scène ou à la BBC, où elle rencontre un vif succès devant ses auditoires enthousiastes.

En 1942, Emmanuel d’ASTIER de la VIGERIE [3], écrivain et journaliste ayant réussi à rejoindre la résistance française à Londres, lorsqu’il écoute la chanson à l’occasion d’une soirée londonienne des résistants français, est immédiatement séduit, et surtout y voit une heureuse opportunité d’application en tant qu’indicatif, alors très recherché, de l’émission Honneur et Patrie, diffusée par la BBC depuis 1940, et animée par André GILLOIS, résistant et animateur de radio [4].

C’est ainsi qu’en 1943, la mélodie du Chant des partisans (ou Chant de la Libération) est choisie comme indicatif musical de l’émission de GILLOIS, sous la forme d’un air sifflé auquel Claude DAUPHIN, André GILLOIS et Maurice DRUON prêtent leur souffle.

C’est cet air qui est donc enregistré le 14 mai 1943 pour être diffusé sur les antennes de la BBC deux fois par jour, du 17 mai 1943 au 2 mai 1944. Il est sifflé pour être perceptible à l’écoute, malgré les efforts de brouillage allemand. Il devient ainsi très rapidement l’hymne de la Résistance française ayant vocation à être le signe de reconnaissance dans les maquis.

Restait encore à écrire la version française de la chanson d’Anna MARLY dont Emmanuel d’ASTIER de la VIGERIE qui, selon Lionel DARDENNE, estimait qu’on ne gagnait une guerre qu’avec des chansons – disait « c’est cette chanson qu’il faut pour la France ! ».

Il s’adressa donc tout naturellement à Joseph KESSEL et Maurice DRUON – qui avaient rejoint la résistance à LONDRES – pour une écriture en français des paroles de la chanson en leur recommandant de s’efforcer de donner la forte impression que ce nouvel hymne venait du maquis…

Joseph KESSEL (1898-1979), appelé parfois « Jef », était déjà connu comme un romancier et un grand reporter. Il était le fils de Samuel KESSEL, médecin juif d’origine lituanienne (faisant partie, à l’époque, de la Russie impériale) et de Raïssa LESK, d’une famille juive établie à Orenbourg, en Russie, sur le fleuve Oural. Samuel KESSEL après avoir passé son doctorat à Montpellier, s’embarqua avec son épouse pour l’Argentine où il obtint un poste pour trois ans. C’est dans ce pays que naquit son fils Joseph. De retour en Europe en 1905, la famille s’installa ensuite en France à partir de 1908, d’abord à Nice, puis à Bourg-la-Reine.

Après avoir obtenu sa licence de lettres, le jeune Joseph KESSEL se trouva engagé au Journal des débats qui était le journal français éditant, depuis 1789 et jusqu’à 1944, sous des titres variables, le compte rendu officiel des débats de l’Assemblée nationale sous le titre originel, lors de sa création, de « Journal des débats et des décrets ».

Pendant le premier conflit mondial, jeune aviateur engagé comme volontaire, Joseph KESSEL  consigna cette expérience, dès 1923, dans son roman L’Équipage relatant la vie des membres d’une escadrille d’observation, qui fut son premier grand succès littéraire. Correspondant de guerre lorsqu’éclata la seconde guerre mondiale, il avait rejoint la Résistance et rallié le général de GAULLE à Londres [5].

Son neveu, Maurice DRUON, né en  à Paris, est le fils naturel de son frère Lazare KESSEL (1899-1920) et de Léonilla SAMUEL (1893-1991), elle-même épouse de Roger Fernand WILD dont il va porter le patronyme jusqu’en 1919. Après une rupture judiciaire de sa filiation légitime originelle en 1919,  le , le nouveau conjoint de sa mère René DRUON (1874-1961), reconnaît l’enfant, âgé de près de 8 ans, qui s’appellera désormais Samuel Roger Charles DRUON.

Mais c’est avec son oncle Joseph KESSEL, qui fut, comme il a été dit, aviateur pendant la Première Guerre mondiale, qu’il s’initie au monde en côtoyant les grands noms de l’Aéropostale (Mermoz, Saint-Exupéry, Guillaumet). Il rencontre également des artistes d’Europe de l’Est et fréquente les cabarets russes.

En 1940, démobilisé, il s’installe en zone libre où il fait représenter sa première pièce, Mégarée, au Grand Théâtre de Monte-Carlo le s’engage dans la Résistance.

Il quitte la France, en décembre 1942, avec Joseph KESSEL et sa maîtresse Germaine SABLON, pour rejoindre les rangs des Forces françaises libres du général de Gaulle, après un long périple de traversée des Pyrénées, de l’Espagne, puis du Portugal, pour arriver, en en Irlande, d’où un  avion de la RAF les emmène à Londres (6].

                     Ci-dessous, Joseph KESSEL et Maurice DRUON

En réponse à la commande d’Emmanuel d’Astier de la Vigérie de demande d’une écriture de la chanson d’Anna MARLY, en Français, Joseph KESSEL et Maurice DRUON, dans leur étroite et familiale  complicité très coutumière, s’empressèrent de composer les paroles du Chant français. Ainsi, dès le 30 mai 1943, la chanteuse Germaine SABLON, compagne de Joseph KESSEL, enregistra la première version du Chant des partisans pour un film du cinéaste brésilien Alberto CAVALCANTI.

Dans les deux chansons – celle de KESSEL/DRUON et celle d’Anna MARLY -, lorsqu’on compare leurs paroles respectives, l’on retrouve les corbeaux, la liberté, l’ennemi, ceux qui tombent, la volonté de vaincre qui anime les combattants partisans qui en sont les termes et les thèmes forts.

Après avoir été larguées par la Royal Air Force sur la France occupée, les paroles du Chant des partisans sont publiées dans le premier numéro de la revue clandestine Les cahiers de la Libération du 24 septembre 1943. Mais ni le nom d’Anna MARLY, ni davantage ceux de KESSEL ou de DRUON ne sont alors mentionnés car Emmanuel d’ASTIER de la VIGERIE voulait rendre anonyme la chanson pour que tout le monde puisse la chanter et surtout se l’approprier.

Malgré ces louables efforts, le Chant demeura peu connu et il fallut attendre la Libération et la fin de la guerre pour que la chanson s’installe durablement et s’impose pour devenir très populaire, avec les remarquables interprétations, outre de Germaine SABLON et d’Anna MARLY elle-même, de Joséphine BAKER, Yves MONTAND, Léo FERRÉ, Armand MESTRAL, sans oublier les Chœurs de l’Armée rouge [7].

Après la guerre, à son retour en France en 1945, Anna MARLY, rencontre vite le succès, avec les couvertures de magazines et les nombreux galas qui se succèdent… Mais, comme elle le dira elle-même, elle n’a pas d’aide pour gérer sa carrière en France – et cela d’autant plus que le contexte musical et vocal de la Libération est celui d’un foisonnement créatif [8] -, aussi, en 1947 décide-t-elle de quitter la France pour parcourir l’Amérique latine : Brésil, Argentine, Chili, Pérou. Ensuite, à partir de 1955 et jusqu’à 1959, elle sillonne le continent africain avec sa guitare en bandoulière, puis elle choisit enfin de s’installer aux États-Unis.

Troubadour moderne, Anna MARLY composa, pendant sa carrière musicale, près de 300 chansons. Décorée de l’Ordre national du Mérite en 1965, elle fut nommée, en 1985, par le président François MITTERRAND, Chevalier de la Légion d’honneur à l’occasion du quarantième anniversaire de la Victoire, en reconnaissance de l’importance du Chant des partisans [9].

De nouveau en France, le 17 juin 2000, à la veille du 60ème anniversaire de l’appel du 18 juin 1940 lancé par le général de GAULLE, c’est ce même Chant que, de manière vibrante et magistrale, elle interprète au Panthéon, accompagnée par le Chœur de l’armée française.

CONCLUSIONS

Ainsi, avec sa chanson originelle « La marche des partisans » à la gloire des partisans russes luttant contre l’Allemagne nazie – devenue ensuite « Le Chant des partisans » -, la chanteuse et résistante Anna MARLY, franco-russe [10] – qui nous a légué à la fois la musique du Chant des partisans et l’inspiration de ses paroles – fait le lien entre la résistance russe et la résistance française face à la barbarie nazie.

Aujourd’hui où les repères historiques s’estompent trop souvent au profit d’une vision uniforme, occidentalocentriste et manichéenne du monde, l’inspiration russe (bataille de SMOLENSK) quant à la genèse de la musique du Chant des partisans devait, nous semble-t-il, être impérieusement  rappelée.

Louis SAISI

Paris, le 30 mai 2022

NOTES

[1] KESSEL et DRUON écrivent, à LONDRES, le Chant des partisans sur trois feuillets et l’intitulent en anglais Underground Song. Ce manuscrit original a été classé monument historique en 2006.

[2] Le père d’Anna MARLY fut fusillé en 1918 au cours de la révolution russe.

[3] Emmanuel d’ASTIER DE LA VIGERIE (1900-1969) fut un personnage hors du commun qui, après avoir démissionné de la Marine nationale, commença, en 1924 une carrière de journaliste à Marianne, avant de devenir un grand résistant pendant la Seconde Guerre mondiale. Il fonda, en 1941, le mouvement Libération-Sud et le journal Libération, puis devint, en  et jusqu’en , commissaire à l’Intérieur de la France libre. Il est l’auteur des paroles de la chanson La Complainte du partisan, écrite à Londres en 1943 sur une musique d’Anna MARLY. A la Libération il s’engagea à gauche et fut même le compagnon de route du PCF avant de devenir « gaulliste de gauche ».  C’est ainsi qu’il fit partie de la présidence du Mouvement de la paix et du Conseil mondial de la paix dans les années 1950 et reçut, dans cee mouvance, le prix Lénine pour la paix en 1958. En 1954, il s’opposa à la ratification de la Communauté européenne de défense (la CED) et, en 1957, au traité de Rome. Toutefois, en 1956, il se démarqua d’eux pour condamner l’intervention soviétique en Hongrie. C’est également avec la même vigueur qu’il dénonça l’expédition franco-britannique de Suez. Il fut longemps un conseiller très apprécié par le général de GAULLE pour les affaires soviétiques à la fin des années 1950 et jusqu’au début des années 1960, après le retour au pouvoir de l’Homme du 18 juin (1958).

[4] André GILLOIS (1902-2004) était un écrivain, réalisateur, scénariste et dialoguiste français qui, du  au , fut l’animateur quotidien d’Honneur et patrie, émission radiophonique quotidienne de la résistance française à Londres, qui, précédée des quatre premières notes de la Symphonie N° 5 de Ludwig van Beethoven, s’ouvrait ainsi chaque soir : « Ici Londres, les Français parlent aux Français ». Avant la guerre, il avait exercé ses nombreux talents artistiques et d’homme de communication en travaillant au cinéma, avec René Clair mais aussi dans l’édition – ce qui lui donna l’occasion de publier Jules Renard, Georges Courteline, Émile Zola – et aussi à la radio, comme journaliste et producteur au Poste parisien, station de radio parisienne généraliste privée diffusant ses programmes variés du 30 mars 1924 au 13 juin 1940. Après la guerre, André GILLOIS se consacra à l’écriture de pièces de théâtre et de romans, et en 1958 il fut distingué pour son roman policier 125, rue Monmartre qui obtint le prix du Quai des orfèvres des mains du prolifique écrivain Georges Simenon. Ce roman devint le titre du film éponyme de Gilles Grangier en 1959.  En 1973, il publia, Histoire secrète des Français à Londres de 1940 à 1944, et en 1980, il livra ses mémoires sous le titre Ce siècle avait deux ans

[5]  Joseph KESSEL, en hommage aux combattants  de la Résistance, écrivit également, à la fin de l’année 1943, L’Armée des ombres qui parut à Alger, ville incarnant alors la France combattante. Après la Libération, il retourna à ses voyages source de grands reportages dont il tira la substance de ses ouvrages dont Le Lion (1958), puis Les Cavaliers (1967) qui rencontrèrent un vif succès. Il fut élu à l’Académie française en 1962.

[6] Maurice DRUON est l’auteur, en 1942, de la chanson française Le Galérien, mise en musique par Léo Poll . A la Libération, de retour à la vie civile, il consacre son premier livre à ses souvenirs de guerre, La Dernière Brigade, publié en 1946. Avec son roman Les Grandes Familles en 1948, premier volet de la trilogie La Fin des hommes (suivie de La Chute des corps et de Rendez-vous aux enfers), il reçoit le prix Goncourt. En 1953, sa pièce en un acte, Un voyageur, entre au répertoire de la Comédie-Française sur une mise en scène de Jean Piat, et il publie avec Joseph Kessel la pièce Le Coup de grâce. Il accède définitivement à la célébrité avec le succès de sa saga historique Les Rois maudits, publiée à partir de 1955, et adaptée en 1973 à la télévision. Après divers prix prestigieux, dont le prix Pierre-de-Monaco qui récompense l’ensemble de son œuvre en 1966, il est élu, le  de la même année, au 30e fauteuil de l’Académie française, succédant à Georges DUHAMEL.

Maurice DRUON est nommé le  ministre des Affaires culturelles par le Président Georges Pompidou (1969-1974). La nomination de cette figure historique du gaullisme, seul membre du gouvernement à ne pas être élu, homme de lettres popularisé par ses succès littéraires et l’adaptation télévisuelle des Rois maudits, résistant ne cachant pas son goût pour l’ordre, doit permettre de calmer une majorité échaudée par le projet du centre Beaubourg.

[7] Le « Chant » est d’accès facile aujourd’hui puisqu’on le retrouve sur YouTube avec les interprètes précités, et bien d’autres, avec la nouvelle génération de chanteurs et interprètes qui ont pris le relais…

[8] Même si l’influence musicale américaine remonte bien avant la Libération, celle-ci ne fait qu’accélérer un mouvement déjà bien amorcé avec la popularisation du jazz et de ses interprètes alors en vogue… Partout, en France, règne l’américanophilie, et une chanson comme « HELLO BABY, MADEMOISELLE », de Jacques PILLS, créée en 1945, constitue un pont entre la musique américaine et sa récupération francophone. Très souvent, sur un rythme swing, les deux langues se mêlent grâce aux paroles de Jacques LARUE et Pat NOTO. Mais « le plus gros succès franco-américain » de la Libération, au moins d’après la pochette qui présente le disque, est sans conteste la chanson « Oh la ! la ! » – créée encore par Jacques PILLS, et célébrant l’amitié entre la France et les États-Unis – qui reste un des titres culte de la Libération.

[9] À MEUDON, dont elle fut la citoyenne d’honneur, un petit square porte le nom d’Anna MARLY. Portent également son nom une rue et un collège à BREST, ainsi qu’un jardin, à PARIS, dans le 14e arrondissement, proche de la porte de Vanves. Anciennement dénommé le « jardin des trois communes », il est ouvert depuis le 30 mars 2013 et a été inauguré le 25 avril suivant. À LYON, depuis 2015, une rue porte le nom d’Anna MARLY. À l’entrée de la ville de SAINT-NAZAIRE, en Loire-Atlantique, depuis 2022, un parvis porte son nom.

[10] Anna MARLY, décédée en 2006 à PALMER, en ALASKA (USA), possédait à la fois les nationalités française, russe et américaine.

 

 

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