La splendide promesse – mon itinéraire républicain, Danièle SALLENAVE, compte rendu par Alice BSÉRÉNI

Notre amie Alice BSÉRÉNI, animatrice d’ateliers d’écriture – que nous avons déjà eu le plaisir de présenter à nos lecteurs [1] – nous livre aujourd’hui son élogieux et enthousiaste compte rendu de l’ouvrage de Danièle SALLENAVE La splendide promesse – mon itinéraire républicain (Ed. Gallimard, Paris, 2025).

Après son riche et tonique compte rendu ci-dessous, il nous a semblé pertinent de prolonger sa réflexion féconde en rappelant, dans une Annexe, l’itinéraire littéraire de l’autrice. En effet, Danièle SALLENAVE mérite qu’on évoque au moins quelques-uns de ses ouvrages majeurs car elle a marqué le dernier quart du 20ème siècle et domine, aujourd’hui, en France au moins, ce premier quart du 21ème siècle en puisant souvent son inspiration et sa réflexion dans les siècles précédents.

Louis SAISI

Paris, le 25 mai 2025

La splendide promesse – mon itinéraire républicain, Danièle SALLENAVE

(Gallimard, 2025)

par Alice BSÉRÉNI

 

La splendide promesse - 1

Un livre passionnant, imposant, tant par son volume (520 pages), que par la densité des propos, la richesse des analyses, l’ampleur de l’érudition, la rigueur des recherches et de sa construction. Après « Le Don des Morts »[2], vibrant hommage à la littérature, « ce don que nous font les morts pour nous aider à vivre », et « L’Églantine et le Muguet » [3], puissant hommage aux vertus de l’école républicaine puisé aux sources de la biographie familiale, D. SALLENAVE réitère l’exploit de revisiter les conquêtes populaires arrachées de hautes luttes dans les soubresauts de l’histoire contemporaine et plus lointaine.

Ce livre écrit au « je » est construit selon une chronologie rigoureuse qui entremêle le destin singulier de l’autrice et les remous de son temps. Un « je » affirmé, puissant, au service d’une narration auto centrée qui se pose comme moteur du récit auto biographique et tisse la trame des engagements réciproques de l’autrice et de l’Histoire. Ceci depuis les bancs de l’école publique qui accueillait dans les années 40 la petite républicaine aux galoches à semelles de bois jusqu’à son admission récente à l’Académie Française. Avec ce bilan rétrospectif sont passés en revue la question du voile à l’école, la tentation du religieux dans le dispositif scolaire, les inégalités trop souvent perpétrées, les obstacles de la langue et des cultures avec l’accueil et l’intégration des vagues successives de migrations et leurs enfants, la contamination du milieu scolaire par les affrontements politiques, les menaces qui pèsent sur un édifice fragile et pourtant résistant aux injonctions de rentabilité comme à celles des défis technologiques. Sans ignorer la grande détresse des personnels enseignants si souvent sacrifiés sur l’autel des performances ou la perte de sens de leur engagement quand la boussole vacille, s’affole et trop souvent s’enraye. Ce livre veut remettre les pendules à l’heure dans une société désorientée.

C’est que court un fil rouge et une corde de rappel inaltérable résistant aux tumultes des temps :  une foi indéfectible dans la beauté de la langue française et sa richesse, la nécessité de l’apprentissage et celle de la culture, l’importance des valeurs de l’école républicaine, du savoir émancipateur qui transite par elle, d’où dérivent les chances d’égalité, et par suite de liberté. Ces thèses sont visitées au cours de multiples voyages de par le monde, en particulier vers l’Est et ses confins, jusqu’en Asie, et même en Afrique. Elle s’entoure de partenaires de poids, la littérature russe et ses trésors, les grandes voix d’Europe centrale et leurs échos à l’Ouest, elle s’indigne de l’ignominie de la Shoah et des blessures des grandes guerres, des espoirs trahis d’un socialisme libérateur, fustigent les vieux démons du colonialisme toujours tapis dans l’ombre des rapports de force entre pays nantis et émergents vassalisés. Ils constituent une grille de lecture des grandes fractures de notre temps et restent à l’œuvre en sous-main depuis les croisades, les exterminations ou les déportations esclavagistes jusqu’aux conflits sanglants qui défigurent toujours le monde et le Moyen-Orient en particulier.

Ce dernier titre – emprunté à « La splendide promesse faite au tiers état » -, portée en exergue du livre, et son sous-titre « Mon itinéraire républicain » enracinent le livre dans les sources exclusivement républicaines d’où se déploient chacun de ses chapitres. Au moment où éclatent un peu partout les scandales occultés des pratiques perverses en institutions religieuses, notamment scolaires, le livre ne cède pourtant jamais à la tentation de polémiques stériles ou blessantes. Danièle SALLENAVE nous fait ici le don supplémentaire d’un livre référence à lire et à relire :

 

  • Un livre consolation en ce qu’il met des mots sur les maux, restitue une mémoire des choses et des temps, donne sens aux événements qui les ont marqués, révèle une intelligence de l’Histoire où l’histoire singulière trouve une place légitime de témoin, d’actrice et d’interprète.
  • Un livre profession de foi, incantatoire, écrit par un « Je » qui clame haut et fort son attachement inconditionnel aux valeurs de la République et celles de la démocratie, à celles de son école, laïque et obligée, à ses vertus émancipatrices, sans esquiver les interrogations, mutations, épreuves ou tentations susceptibles d’en altérer les fondations, voire les vocations.
  • Un livre réconciliation en ce qu’il restitue aux errances, aux croyances et convictions, aux rêves et aux engagements le sens que l’Histoire se charge de broyer, de réduire en impasses, dissipant les rêves socialistes venus de l’Est et d’ailleurs, entre autres utopies.
  • Un livre partisan en ce qu’il range son autrice sous la bannière exclusive de l’école républicaine, qu’il réaffirme sa foi en la langue française et la littérature qu’elle donne en partage à ceux qu’elle a vocation d’accueillir.
  • Un livre analyste : des idées, des idéologies, des rêves et leurs confrontations avec le réel mondialisé, des nuances de la pensée dans lesquelles l’autrice se glisse avec autorité, finesse, tolérance, ouverture et prudence. Au point que le livre pourrait être sous-titré : « Penser sur une ligne de crête », l’un des sous chapitres de fin d’ouvrage traitant des clivages Droite/Gauche.
  • Un livre testament en ce qu’il dresse une radiographie de l’ensemble du siècle écoulé jusqu’aux bouleversements contemporains et d’une vie entière consacrée au bien commun. Il constitue ainsi un legs supplémentaire fait aux humains désorientés, éprouvés par la marche chaotique du monde vers sa défaite.
  • Un livre témoignage dont l’autrice se fait à la fois référence, personnage, observatrice, arbitre, non sans une touche d’égo centrage que sert l’usage intensif d’un « je » narratif fortement engagé.

Présage d’un devenir ouvert à l’exercice légitime des plus hautes fonctions au service du modèle républicain, de la démocratie, de la culture et de la langue française ?

Alice BSÉRÉNI, avril – mai 2025

Animatrice d’ateliers d’écriture

 

ANNEXE I : A propos de Danièle SALLENAVE, un bref regard socio-politique

sur son engagement dans quelques-uns de ses ouvrages (Louis SAISI)

Née en 1940, à Angers, de parents instituteurs, Danièle SALLENAVE (ci-contre), de formation universitaire en Lettres classiques, est une écrivaine française de renom dont la production littéraire est abondante puisque, entre 1975 [4] et 2025 elle a publié pas moins d’une quarantaine de livres comptant de nombreux romans [5] – dont Les Portes de Gubbio [6], prix Renaudot 1980, et La Vie fantôme, 1986 – et aussi des essais, comme Les épreuves de l’art (Actes Sud, 1988), À quoi sert la littérature ? (1997), et d’autres encore, à partir de sa propre biographie : L’églantine et le muguet (2018) ; Rue de la justice (2022) et, tout récemment (2025), La splendide promesse – mon itinéraire républicain [7] dont vient de rendre compte ci-dessus Alice BSÉRÉNI.

Et ça n’est pas l’un des moindres paradoxes – hasard des fauteuils vacants ? – que cette écrivaine, engagée à gauche, ait été élue le 7 avril 2011, à l’Académie française pour occuper, à partir du 29 mars 2012 [8], le fauteuil de Maurice DRUON.

Dans son essai Les épreuves de l’art (Ed. Actes Sud, 1988), Danièle SALLENAVE nous rappelle que toute manifestation de la scène (théâtrale) est une manifestation de l’Idée. Elle s’attache à montrer ce que sont les enjeux multiples du théâtre. Lieu d’un plaisir partagé mais aussi de la beauté publique d’un débat – qu’il soit explicite ou sous-jacent – portant sur le sens des actions des hommes et de leurs passions.

Un peu plus tard, son essai A quoi sert la littérature ? (Librairie Eyrolles, 1997), par sa préoccupation centrale, n’est pas sans rappeler l’un des maîtres-ouvrages de Jean-Paul SARTRE « Qu’est-ce que la littérature ? » publié en 1948 [9].

En effet, dans le sillage de ce que doit être l’engagement sartrien de l’écrivain, Danièle SALLENAVE propose une défense de la littérature comme engagement philosophique et social et non comme posture d’élite [10].

Mais l’essayiste, pour laquelle l’École républicaine n’est jamais absente dans ses réflexions, considère également qu’« il revient à l’école, du fait de sa double nature – républicaine et de classes“ –, de fournir à tous connaissances et savoir, discipline civique et maîtrise de la langue, mais aussi de donner, et particulièrement aux plus défavorisés, les armes que la société ou la famille n’offrent pas ».

Se rapprochant encore un peu plus de SARTRE, en 2008, Danièle SALLENAVE s’attaqua à un nouvel exercice, celui d’une biographie – et pas n’importe laquelle – de Simone de BEAUVOIR, dans un livre en 600 pages intitulé Castor de guerre.

Elle emprunte l’intitulé de sa biographie Castor de guerre à cette même signature qu’en 1939 Simone de BEAUVOIR avait apposée au dos d’une petite photo qu’elle avait adressée à Jacques-Laurent BOST alors mobilisé.

Le Castor [11], notamment « de guerre », est une création de Simone de BEAUVOIR qui choisit, se construit et trace sa voie. Ainsi nous dit Danièle SALLENAVE :

« Dans ses Mémoires comme déjà dans ses Cahiers de jeunesse, le Castor fait le point comme les marins le font chaque matin, pour s’assurer qu’ils n’ont point dévié de leur route. Elle écrit sur elle-même afin de se comprendre et de se constituer, et les deux sont en réciprocité : il faut se comprendre pour se constituer, mais il faut aussi se constituer pour se comprendre. Et cela est un travail – mieux : une guerre. Guerre contre les temps morts, la mauvaise foi, les importuns, les « traverses » que connaît la vie affective, la complexité de situations amoureuses qui, si on ne les contrôle pas, risquent de tomber dans le « passionnel » où l’on ne peut plus répondre de rien – et y tombent parfois. » [12]

Danièle SALLENAVE sait également témoigner devant les peuples libres et l’Histoire des formes d’oppression géopolitique existant dans le monde qu’elle-même, ne manquant pas de courage et faisant preuve d’une grande honnêteté intellectuelle, n’hésite pas à dénoncer. C’est ainsi qu’elle nous livra, en novembre 1998, son Carnet de route en Palestine occupée. Gaza-Cisjordanie, novembre 1997 (PARIS, Ed. Stock, 1998, 248 pages).

Ce voyage de Danièle SALLENAVE à Gaza et en Cisjordanie constituait un événement marquant, et probablement une « première ». En effet, invitée en « territoires occupés » par des écrivains palestiniens, la romancière s’y était rendue en novembre 1997. Comme elle le confessait elle-même au début de son livre, elle appartenait à cette famille d’intellectuels prosionistes qui vivaient alors depuis longtemps dans un mélange d’ignorance et de flou entretenus par le souvenir de l’Holocauste nazi très prégnant dans la mauvaise conscience occidentale d’après-guerre.

C’est ainsi, nous dit-elle, que « Nous avions fait nôtre la revanche d’Israël contre le destin des juifs” : nous pouvions voir dans son existence – du moins tant que nous n’avions pas lu Tom SEGEV [13] – une sorte de réparation mythique de l’horreur qui avait été infligée aux juifs d’Europe. »

Mais peu à peu, au cours de son carnet de route, l’écrivaine découvre la réalité d’un peuple. Elle met un visage sur son nom, le situe dans l’histoire, lui reconnaît un passé, s’indigne du sort qui lui est fait et constate que l’occupation est une annexion et la politique de contrôle et de sécurité, un apartheid.

Et les questions fusent, et parmi celles-ci : « Comment avons-nous pu accepter sans y réfléchir davantage le slogan : un peuple sans terre pour une terre sans peuple” ? »

Et la réponse – sa réponse – est tout aussi fulgurante: « Oui, les juifs étaient un peuple sans terre ; mais la Palestine n ’était pas une terre sans peuple » …

Dans dieu.com (Gallimard, 2004), Danièle SALLENAVE soutient que le sionisme, « de par sa nature propre », est « expansionniste » et « reprend à la lettre la promesse de Yahvé : « Je te donnerai la terre comprise entre le grand fleuve (le Nil) et l’Euphrate ».

Elle met en garde contre le fait que quelque horreur que puissent inspirer les attentats commis par des islamistes fanatiques, il serait extrêmement dangereux de faire de l’Islam, comme autrefois du communisme, le miroir où toutes nos difformités s’estompent, en nous abstenant de nous interroger sur l’évolution de nos propres sociétés. Or, s’inquiète-t-elle, nos sociétés sont dépolitisées, et livrées ainsi sans défense aux assauts des communautarismes. Ce sont des sociétés délaïcisées, où sévit l’alliance explosive de la religion et de la technoscience : « dieu.com».

Sur un autre registre plus personnel, L’églantine et le muguet (Gallimard, 2018) relate le voyage que Danièle SALLENAVE a entrepris pour retrouver ses racines dans l’Ouest conservateur et clérical, en revisitant les lieux familiers de son enfance, pour y explorer leur histoire de manière lucide et toujours critique. L’écrivaine y appelle de ses vœux une « République sociale, placée sous le signe de l’églantine rouge, autrefois fleur du 1er mai ouvrier, chassée sous Vichy par le muguet, fleur de la Vierge Marie. » [14].

C’est la dernière adresse de l’une de ses arrière grands-mères, rue de la Justice, qui constitue le titre Rue de la justice (Gallimard, 2022) de l’ouvrage de Danièle SALLENAVE. Celle-ci vécut une rude vie laborieuse de laveuse sur un bateau-lavoir au bord de la Loire [15].

Pour elle, les « Gilets jaunes » sont les continuateurs de cette époque dont ils portent à la fois la souffrance et l’espérance. Car, ajouterons-nous, l’Histoire – aujourd’hui depuis longtemps confisquée par le courant libéral – n’est pas finie…

Louis SAISI

Paris, le 25 mai 2025

II/ ANNEXE II : Ouvrages de Danièle SALLENAVE (d’après l’Académie française) :

A/ Œuvres

1975 Paysage de ruines avec personnages (Flammarion)

1976 Le Fou impur – de Roberto Calasso (traduction) (PUF)

1977 La Divine Mimesis – de Pier Paolo Pasolini (traduction) (Flammarion)

1977 Le Voyage d’Amsterdam ou les règles de la conversation – récit (Flammarion)

1980 Les Portes de Gubbio – roman (prix Renaudot) (Hachette/P.O.L.)

1982 Six Personnages en quête d’auteur – de Luigi Pirandello (traduction) – m.e.s. de Georges Lavaudant

1982 Il combattimento di Tancredi e di Clorinda – du Tasse (traduction) (Théâtre national de Chaillot)

1983 Les Géants de la montagne – de Luigi Pirandello (traduction) – m.e.s. de Bruno Bayen

1983 Un printemps froid – nouvelles (P.O.L.)

1986 La Vie fantôme – roman (P.O.L.)

1986 Rome (Autrement)

1987 Les Épreuves de l’art – théâtre (Actes Sud)

1987 Conversations conjugales – Prix du jeune théâtre de l’Académie française 1988) rééd. 2004 (P.O.L.)

1988 Adieu – récit (P.O.L.)

1988 Orgia – de Pier Paolo Pasolini (traduction) (Actes Sud)

1990 Villes et villes (Éditions des femmes)

1991 Le Don des morts (Gallimard)

1992 Le Principe de ruine – carnets de voyage (Gallimard)

1992 Passages de l’Est – carnets de voyage (Gallimard)

1994 Les Trois Minutes du diable – roman (Gallimard)

1994 L’Amazone du Grand Dieu – biographie (Bayard)

1995 Lettres mortes – essai (Michalon)

1997 À quoi sert la littérature – essai (Textuel)

1997 Viol – récit (Gallimard)

1998 Carnets de route en Palestine occupée (Stock)

2002 D’amour – récit (Gallimard)

2002 Nos amours de la France – entretiens (en coll.) (Textuel)

2004 dieu.com – essai (Gallimard)

2005 La Fraga – roman (Grand prix Jean Giono) (Gallimard)

2006 Quand même – prix Marguerite-Duras (Gallimard)

2008 Castor de guerre – Prix Jean Monnet de Littérature européenne (Gallimard)

2009 « Nous, on n’aime pas lire » (Gallimard)

2010 Pourquoi on écrit des romans (Gallimard Jeunesse)

2010 La Vie éclaircie – Réponses à Madeleine Gobei (Gallimard)

2012 Sibir. Moscou-Vladivostok : mai-juin 2010 (Gallimard)

2014 Dictionnaire amoureux de la Loire (Plon)

2015 Le fond de l’air est frais – Chroniques du XXIe siècle (Montagne)

2018 L’églantine et le muguet (Gallimard)

2019 Jojo, le Gilet jaune (Gallimard)

2021 Parole en haut silence en bas (Gallimard)

2022 Rue de la Justice (Gallimard)

2025 La Splendide promesse – Mon itinéraire républicain (Gallimard)

B/ Discours et travaux académiques

Discours de réception de Danièle Sallenave, le 29 mars 2012

Compter avec et compter sans, le 6 septembre 2012

Défense du point virgule, le 4 avril 2013

Du polichinelle au punch, le 2 mai 2013

TZR – Titulaire sur Zone de Remplacement (Wikipédia), le 3 octobre 2013

L’anguille de Melun, le 6 février 2014

Les aventures de la translittération, le 6 mars 2014

Le train des sénateurs, le 11 juillet 2014

“Ma maman” : ou la nostalgie du paradis perdu, le 8 janvier 2015

Hommage à Mme Assia Djebar, le 19 février 2015

La Sainte Touche, le 7 septembre 2015

Faire le pari de la transmission, le 27 octobre 2015

À l’Y, le 5 février 2016

L’orthographe : Histoire d’une longue querelle, le 1 septembre 2016

L’orthographe : histoire d’une longue querelle (2), le 6 octobre 2016

L’orthographe : histoire d’une longue querelle (3), le 3 novembre 2016

Discours sur les prix littéraires 2016, le 1 décembre 2016

Allocution prononcée lors de la remise de son épée d’académicien à M. Andreï Makine, le 7 décembre 2016

La peur de lire, le 2 novembre 2017

Le bouffon, le 1 février 2018

Un problème ou un souci ?, le 5 juillet 2018

De la dictée, le 13 décembre 2018

Réponse au discours de réception de M. Daniel Rondeau, le 4 novembre 2021

NOTES

[1] Voir sur ce site Alice BSERENI : « Quelques réflexions brûlantes », 4 décembre 2024,  https://ideesaisies.deploie.com/quelques-reflexi…ueuse-litteraire/

[2] Le don des morts, Gallimard, 1991.

[3] L’Églantine et le muguet, Gallimard 2018.

[4] Danièle SALLENAVE publie, en 1975, son premier récit, Paysage de ruines avec personnages, puis, en 1977, Le Voyage d’Amsterdam ou les règles de la conversation qui sont considérés comme s’inscrivant dans la tradition du Nouveau Roman.

[5] Voir en Annexe 2 l’ensemble de ses publications.

[6] Comme cela a été souligné par l’universitaire Patricia OSTER (cf. infra note 6), s’éloignant du Nouveau Roman, avec Les portes de Gubbio elle adopta alors la forme d’un Roman classique, avec une intrigue, un narrateur et des personnages bien définis dont l’écriture sous la forme d’un journal le fit parfois comparé à La Nausée de Jean-Paul SARTRE.

[7] Selon Danièle SALLENAVE, « La République n’est rien si elle oublie « la splendide promesse faite au tiers état », selon la formule de Mandelstam. Une promesse de justice, d`instruction et de progrès ».

[8] Date de sa réception sous la Coupole.

[9] Dans « Qu’est-ce la littérature ? », il n’est pas inutile de le rappeler ici, Jean-Paul SARTRE a exploré la nature et le rôle de la littérature dans la société en examinant les différentes formes d’écriture, du roman à la poésie, et en analysant combien la littérature est au service des idées, des émotions et des expériences humaines. Le grand philosophe existentialiste y remettait également en question l’idée de l’écrivain appréhendé comme un être isolé, coupé du monde et mal aimé et soulignait, au contraire, l’importance de son engagement envers la société. Son essai développait ainsi une réflexion profonde sur le pouvoir de la littérature et son impact sur le monde qui nous entoure.  SARTRE faisait ainsi sortir la littérature de son statut l’enfermant dans une forme culturelle en soi, déconnectée de la société et se mouvant dans son univers propre, celui d’une création intellectuelle, plongée dans l’imaginaire ou la fiction, sans lien avec son propre environnement. Selon lui, l’écrivain a la responsabilité de prendre position face aux injustices et aux problèmes de son époque. Il doit être conscient de son pouvoir d’influence sur les lecteurs et utiliser la littérature comme un moyen de sensibilisation et de mobilisation.

[10] Patricia OSTER (Université de Sarrebruck) : « Danièle SALLENAVE : « De l’ « athéisme littéraire » à la quête du sens », pp. 215-229, in Wolfgang ASHOLT et Marc DAMBRE : Un retour des normes romanesques dans la littérature française contemporaine, Editions Presses Sorbonne Nouvelle, 318 pages, Paris, 2010.

[11] C’est lors de ses études universitaires poursuivies à la Faculté des lettres de la Sorbonne que Simone de BEAUVOIR hérita du sobriquet « castor » à l’âge de 21 ans. Tout commença avec ce camarade de promotion, René MAHEU, qui, un jour, nota sur son cahier “Beauvoir = beaver”. La raison en est qu’en anglais, la prononciation du nom BEAUVOIR est proche de celle de « beaver« , qui désigne un castor dans cette langue. “Vous êtes un castor« , lui déclara cet ami, car, comme elle, « Les Castors vont en bande et ils ont l’esprit constructeur ». À partir de ce moment-là, les étudiants qui l’entouraient se mirent tous à l’appeler « le Castor » ou tout simplement « Castor ». Par la suite, lorsqu’elle rencontra Jean-Paul SARTRE et entama avec lui une liaison amoureuse libre, celui-ci, s’emparant de ce surnom, et lors de leurs différentes séparations, à partir de 1930, entamait sa correspondance avec elle en l’appelant régulièrement « Mon doux castor ».  Ces « Lettres au castor et à quelques autres » seront d’ailleurs publiés en 1983 par Simone de BEAUVOIR, peu après la mort de Jean-Paul SARTRE.

[12] Danièle SALLENAVE : Castor de guerre, p. 14.

[13] Tom SEGEV est un historien et journaliste israélien, né à Jérusalem le 1er mars 1945. Spécialiste de l’histoire d’Israël, il est souvent considéré comme faisant partie des Nouveaux Historiens israéliens. Intellectuel engagé, Il est connu pour ses ouvrages critiques traitant de l’histoire d’Israël.

[14] Elle oppose ainsi l’existence de deux France : celle, au 19ème siècle, de la « contre-offensive catholique et des débuts de l’expansion coloniale » ; celle de son « école dressée contre le pouvoir de l’Église et des châteaux, avec ses idéaux de justice, d’émancipation. Son combat pour le progrès. Mais aussi ses limites, et ses aveuglements. Le lourd passé de la guerre de Vendée. La contradiction entre les principes républicains et la réalité coloniale. Son universalisme abstrait. Sa défiance continuée envers « la sociale » ». (DS)

[15] Son pèlerinage en Anjou, sa terre natale, réveille en elle la difficile existence de travail de ces gens d’en bas confrontés à la pression de l’Église et des châteaux, mais qui conservaient néanmoins leur foi dans le progrès scientifique et technique. Ils recevaient, pour les soutenir, les voix tonnantes de Victor HUGO, de Louise MICHEL, et aussi celles des républicains et républicaines d’une province qui l’était si peu. Et Danièle SALLENAVE d’évoquer les voix des Gilets jaunes qui, en 2018, lui ont rappelé « quelque chose des très anciennes revendications dont étaient porteurs (ses) ancêtres, journaliers agricoles, vignerons, artisans, tous ceux que Gracchus BABEUF nommait « les impropriétaires ».  Retournant vers « ce petit peuple disparu, avec « ses modestes et farouches espoirs », l’écrivaine, « attentive à sa leçon, émue par son courage quotidien », s’exclame que « ce passé-là a de l’avenir. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

error: Contenu protégé !